Longeur 2
Encyclobec

Chania

La chapelle protestante de Pointe-au-Pic
Thème : Société et institutions

La chapelle protestante de Pointe-au-Pic

Serge Gauthier. Historien et ethnologue. Président de la Société d’histoire de Charlevoix. Notre-Dame-des-Monts, 30 septe


Construite afin de desservir la communauté estivante séjournant à Pointe-au-Pic, la chapelle protestante est érigée en 1867. Dès 1850, les estivants de confessions protestantes de Pointe-au-Pic se réunissent pour célébrer le culte dans une maison louée à John Warren un habitant de la localité. Le fait ne passe pas inaperçu. Le curé de La Malbaie du temps, l’abbé Narcisse Doucet, indique bientôt à John Warren qu’il voit d’un mauvais œil ces réunions. Les villégiateurs protestants sont alors obligés de construire une chapelle afin de pouvoir pratiquer leur religion.
 
La construction de la chapelle n’est pas facile. Le curé de La Malbaie fait même pression sur les ouvriers catholiques embauchés pour cette construction afin qu’ils refusent de travailler à l’érection d’un temple protestant dans sa paroisse. Cette menace du curé n’empêche toutefois pas la construction de se dérouler rondement. Les plans de la chapelle sont réalisés par un architecte dont le nom de famille est Scott. Et, en août 1867, la construction de la chapelle est achevée. Le bâtiment de la chapelle n’a presque pas été modifié depuis cette date. Toutefois, construite en bois à l’extérieur, la chapelle est recouverte d’un revêtement de pierre en 1909.
 
D’abord connue sous le nom de l’Union Church, une grande liberté religieuse s’y exerce puisque les cultes presbytérien et anglican y sont célébrés. Le nom le plus connu de la chapelle demeure toutefois The Murray Bay Protestant Church. La chapelle est encore aujourd’hui la propriété de la communauté des estivants de Pointe-au-Pic qui en prend un soin jaloux.
 
Le clocher de pierre de la chapelle est remarquable. Il s’y retrouve aussi de magnifiques vitraux et des plaques commémoratives en l’honneur de nombreux estivants ayant contribué à la construction et à l’entretien de la chapelle. Il faut aussi signaler, adjacent à la chapelle, un modeste cimetière où plusieurs résidents saisonniers de Pointe-au-Pic ont été inhumés. Le tombeau de William H. Blake, écrivain et naturaliste torontois qui fut aussi le traducteur en anglais du roman Maria Chapdelaine de Louis Hémon, se trouve dans ce cimetière. 
 
Pendant de nombreuses années, les curés catholiques de la région demandent à leurs paroissiens d’éviter de pénétrer dans la chapelle protestante de Pointe-au-Pic. Il faut dire que pendant longtemps les rivalités entre catholiques et protestants étaient vives. De nos jours, la chapelle protestante de Pointe-au-Pic est plutôt considérée comme un bien patrimonial inestimable pour l’ensemble de la communauté charlevoisienne qui ne compte que trois temples protestants sur son territoire soit, en plus de la chapelle protestante de Pointe-au-Pic, la chapelle anglicane de Saint-Peter-on-The-Rocks de Cap-à-l’Aigle érigée en 1922 et le petit temple presbytérien situé à Port-au-Persil(Saint-Siméon) datant de 1897.
 
Toute la communauté de Pointe-au-Pic -le curé de la paroisse catholique étant même présent- a célébré le centenaire de la chapelle protestante en 1967. La Société Historique de Charlevoix a apposé pour la circonstance une plaque commémorative à l’entrée de la chapelle. Toutefois, en 1974, alors que l’agrandissement du boulevard de Comporté se prolonge vers Pointe-au-Pic, la chapelle a failli être démoli afin de faciliter ces travaux. Le pire n’a pas eu lieu et en 2002, la chapelle protestante de Pointe-au-Pic a fêté ces 135 ans ce qui en fait un des plus vieux bâtiments religieux de Charlevoix. Les visiteurs de toutes les confessions religieuses peuvent la visiter librement en été. La chapelle protestante de Pointe-au-Pic est ainsi un lieu patrimonial facilement accessible qui témoigne de l’histoire de la villégiature dans Charlevoix.
 

Bibliographie :

Gauthier, Serge. « La chapelle protestante de Pointe-au-Pic », L’Hebdo Charlevoisien, 11 mai 1996, p. 11.
 
Chania