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Sœurs de la Congrégation Notre-Dame
Thème : Société et institutions

Une communauté religieuse enseignante à Baie-Saint-Paul. Les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame (1848-1980)

Christian Harvey. Historien. Société d’histoire de Charlevoix. La Malbaie, 13 août 2002


Le personnage de Marguerite Bourgeois est une grande figure de l’histoire canadienne. Femme d’action arrivée à Montréal en 1653, elle se charge dès lors d’enseigner aux jeunes filles et aux Amérindiens. Marguerite Bourgeois fonde par la suite, avec trois compagnes, la Congrégation Notre-Dame, une communauté religieuse devant s’occuper de l’éducation des jeunes filles. Cette congrégation importante essaime dans la province et, au milieu du 19e siècle, apparaît à son tour dans la région de Charlevoix. Présente à Baie-Saint-Paul dès 1848, les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame forment jusqu’au moment de la Révolution tranquille plusieurs générations de jeunes filles et institutrices de la région de Charlevoix et du Saguenay–Lac-Saint-Jean. 
 
Dès 1833, Mgr Signay, co-adjuteur de l’évêque de Québec, propose la construction d’un couvent à Baie-Saint-Paul. Cette institution pourrait favoriser l’éducation des jeunes filles, former des institutrices dont les écoles ont grandement besoins et, bien sûr, de « bonnes mères chrétiennes ». De mauvaises récoltes et la difficulté à trouver des fonds pour la construction du couvent viennent quelque peu retarder la construction d’un couvent. Le projet doit attendre l’arrivée du curé Marc Chauvin afin de se concrétiser le 31 juillet 1848 moment où le couvent ouvre ses portes. Il s’agit de la première communauté religieuse à s’implanter dans la région de Charlevoix. La charge est dévolue à trois sœurs de la Congrégation Notre-Dame de Montréal : Sœur Saint-Jacques, Saint-Gilbert et Saint-Luc. Des novices de la région viendront s’adjoindre par la suite à la Congrégation. 
 
Malgré les réserves d’habitants de Baie-Saint-Paul - l’éducation des filles, est-ce vraiment important? -, le nombre de jeunes filles inscrites augmente d’une manière importante au cours des années. Le bâtiment comprenant l’école paroissiale et un pensionnat doit faire l’objet d’agrandissements en 1881 et, en 1914, moment où l’institution compte 258 élèves. Les jeunes filles proviennent à cette époque principalement de la région de Charlevoix mais également de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Le 15 juillet 1924, le couvent est détruit par un incendie épargnant de peu l’église de Baie-Saint-Paul située à proximité. L’édifice est reconstruit et agrandi en 1925 grâce à l’aide financière de la Commission scolaire notamment. 
 
En plus de voir à l’éducation des jeunes filles, les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame forment également un nombre important d’institutrices pour Charlevoix et le Saguenay–Lac-Saint-Jean. En effet, la communauté peut remettre le brevet d’institutrice du Bureau Central des Examinateurs Catholiques nécessaire afin de devenir enseignante à cette époque. De 1848 à 1936, les sœurs de la Congrégation Notre-Dame forment ainsi plus de 700 institutrices diplômées à leur couvent. Toutefois, en 1936, la formation des institutrices est dorénavant placée sous la direction des Écoles Normales. Le 2 décembre 1936, les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame signent un contrat avec le gouvernement du Québec afin d’obtenir le statut d’École Normale selon les conditions exigées par le Comité catholique du Conseil de l’Instruction publique. Un nouveau bâtiment doit être ajouté en 1950 à l’est du couvent afin de répondre à la demande toujours accrue. 
 
Après le rapport Parent (1963-1966), le système éducatif québécois connaît une transformation importante venant modifier le statut de la congrégation religieuse notamment avec la création des écoles secondaires. De plus, en 1967, les institutrices devront dorénavant passer par l’entremise d’un cours universitaire avant de débuter dans le secteur de l’enseignement. L’École Normale perd ainsi sa fonction dans la formation du corps enseignant. L’édifice accueille alors les premiers cours du niveau secondaire avant la construction de la polyvalente Saint-Aubin en 1975. Une époque s’achève. 
 
Les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame quittent définitivement Baie-Saint-Paul en 1980 après plus de 125 ans au service de la communauté. Une institution qui a grandement favorisé l’amélioration des services dans le secteur de l’éducation dans Charlevoix. 
 

Bibliographie :

Tremblay, Néré. Saint-Pierre et Saint-Paul de la Baie-Saint-Paul. Montréal, Comeau et Nadeau, 1999 [1956]. 358 p. 
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