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La dynamique de l'exploitation forestière
Thème : Économie

La dynamique de l'exploitation forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean à la fin du 19e siècle

Camil Girard, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 30 octobre 2003

 
La mise en valeur des forêts éloignées des grands centres favorise, au 19e siècle, le développement de régions du Québec comme l'Outaouais supérieur, l'Outaouais inférieur, la Mauricie, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et même la Côte-Nord. Parmi ces régions, que de ressemblances, mais aussi combien de différences.
 
L'Outaouais supérieur se développe dès les années 1830 et domine la production de bois équarri jusqu'aux années 1850 avant de se tourner vers le bois de sciage. Avec la qualité de son couvert végétal, cette vaste région accroît sa production par 1000 % entre 1854 et 1875. La performance d'une région comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean atteint les 360 % au cours de la même période, mais la Mauricie fait mieux avec 525 % alors que la Rive Sud qui inclut le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie a une performance plus modeste avec une augmentation de 180 %. En 1900, c'est encore l'Outaouais supérieur qui produit les trois cinquième des bois coupés au Québec. Cette seule région emploie alors 10 000 ouvriers forestiers et plus de 35 000 bûcherons.

Par rapport à l'Outaouais, le Saguenay–Lac-Saint-Jean apparaît comme une région marginale où il ne se produit que du bois de sciage. Il en est de même pour la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et même la Mauricie. C'est toutefois au Saguenay que se constitue l'un des plus importants monopoles, celui de la famille Price. Ce monopole reste incontesté pendant les trois premières décennies de la colonisation saguenayenne alors que les pinières sont dévastées. Cependant, à partir des années 1870, Price n'est plus seul même s'il continue de garder la haute main sur la production. De nouveaux acteurs s'apprêtent à mettre en valeur la nouvelle région du Lac-Saint-Jean. 

Le 10 octobre 1872, lors d'une vente privée, Frank Ross acquiert 400 milles carrés de forêts situées principalement autour du lac Saint-Jean. Le même jour, un dénommé T.H. Dunn devient adjudicataire de 233 milles carrés de concessions autour des rivières Péribonka et Shipshaw. Pour sa part, William Home devient locataire de 400 milles carrés de forêts dans le même secteur de Péribonka auquel il adjoint une partie de la rivière Mistassini à l'extrémité nord-ouest du lac. Enfin, un certain M. T. Wyatt s'installe dans les secteurs de la rivière Valin et de Falardeau.

D’autres concessionnaires prennent position sur la Côte-Nord. Dans une économie qui s'appuie encore essentiellement sur le transport maritime, l'accès au fleuve Saint-Laurent et à ses côtes constitue un avantage de taille dans l'exploitation de la forêt. Autour de chaque communauté villageoise s'installe un petit concessionnaire qui saura utiliser la main-d’œuvre locale. Un dénommé Joseph Radford prend place à Tadoussac tandis que Alfred Larouche choisit les Bergeronnes. La famille N. Têtu s'installe aux Escoumins et à Sault-au-Mouton. Un tandem, Girouard et Beaudet, occupe les secteurs de Betsiamites ainsi qu'une partie de la forêt qui entoure les rivières Manicouagan et aux Outardes. Markland Molson, un capitaliste québécois, achète des droits autour de la rivière Moisie dès 1869. John Roche opte pour la rivière Portneuf où il occupe 350 milles carrés. Une partie des rivières Marguerite et Godbout est acquise par Léandre Méthot. Enfin, le duo Carbray et Routh sont actifs à proximité de plusieurs rivières, dont la rivière Pentecôte.

 
Bibliographie :

Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
 
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