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La présence d'Églises protestantes
Thème : Société et institutions

La présence d'Églises protestantes au Saguenay–Lac-Saint-Jean

Laurie Goulet, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 2003


Au 19e siècle, la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est reconnue pour l'homogénéité culturelle et religieuse de sa population. Nous savons par l’entremise des recensements que la grande majorité des Saguenayens se déclare d’origine francophone et d’affiliation catholique. Cependant, il existe quelques exemples qui nous éclairent sur le dynamisme de petites communautés protestantes dans la région, en particulier associées aux Églises d'Angleterre (anglicane), presbytérienne ou méthodiste. 
 
La plupart des protestants de la région sont anglophones. Ils ont été le plus souvent attirés par la possibilité de s’associer au développement industriel. Ils viennent en partie gérer les grandes sociétés industrielles liées au papier et à l'aluminium. Il n’est donc pas surprenant de retrouver les lieux de cultes protestants érigés dans les villes industrielles telles qu'Arvida, Kénogami et Dolbeau. On en retrouve également au sein des villes telles que Chicoutimi, Roberval, Grande-Baie et Bagotville de petites communautés protestantes qui resteront actives dans leur milieu.
 
La plus ancienne église protestante a été construite par William Price en 1912 dans la municipalité de Kénogami. Logeant initialement au coin des rues Price et du Roi-Georges, l'église change d'emplacement en 1987. Elle devient ainsi un monument commémoratif du fondateur de la ville de Kénogami, car elle incarne aujourd'hui la salle d'exposition William-Price. Quant à l'église St. Andrew, une église presbytérienne de Kénogami, elle est érigée en 1926 dans une ancienne école de rang. Elle a été déménagée sur un territoire que la Compagnie Price a offert au révérend Harvey Campbell, premier pasteur résident de Kénogami. D'autres lieux de culte sont bâtis sur le territoire actuel de Jonquière et ailleurs dans la région. Ils se caractérisent par des bâtiments plus petits et moins élaborés comparativement aux constructions catholiques qui s’imposent dans le paysage comme pour témoigner de l’importance de l’Eglise dans la communauté canadienne-française. 
 
Parmi les religions protestantes, les presbytériens se retrouvent en plus grand nombre sur le territoire saguenayen et ce, pendant tout le 19e siècle. Ils dominent le protestantisme, avec les anglicans, et sont aussi plus structurés que les autres minorités. En 1900, dans le comté Chicoutimi-Saguenay, les presbytériens et les anglicans possèdent chacun trois lieux de culte. On remarque que les protestants s'intègrent facilement à la population locale, mais ils exigent des temples et des écoles distinctes. En effet, dès 1870, on retrouve une école protestante à Chicoutimi où un ministre y est rattaché.
 
Cependant, il est important de mentionner que les groupes protestants ne sont pas exclusivement anglophones. A Chicoutimi, dans les années 1870, une Église presbytérienne française existe. Elle dresse un registre des naissances, mariages et décès de cette communauté. Dans ce groupe, on retrouve des Francophones, des Anglophones et des Amérindiens. En outre, quelques cimetières protestants sont implantés dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Des villes comme Chicoutimi, Grande-Baie et Pointe-Bleue possèdent leur lieu de sépultures protestant. 
 
Pendant le 19e siècle, la majorité de la population de la région est française et catholique. Toutefois, une minorité de protestants vient travailler dans les usines régionales. Ces gens ont contribué à changer le visage de la région en y apportant une certaine diversité de culture et de religion. 


Bibliographie :

Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
K. Morisset, Lucie. « Les églises de Jonquière », Saguenayensia, vol. 39, no 4, octobre-décembre 1997, p. 3-16.
 
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