Thème :
Économie
Bilan du 19e siècle en agriculture au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Laurie Goulet, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 25 juillet 2002
Au milieu du 19e siècle, de jeunes gens, provenant majoritairement de la région de Charlevoix, quittent leur lieu d'origine pour venir s'installer sur les terres du Saguenay–Lac-Saint-Jean. A cette époque d'ouverture des terres, l'agriculture ne peut pas être pratiquée comme seule activité économique. Les colons doivent travailler dans les chantiers forestiers afin de vivre convenablement. Est-ce que le développement de l'agriculture a été ainsi retardé? Quel bilan peut-on dresser de cette pratique traditionnelle de l’agriculture à la fin du 19e siècle sur le territoire saguenayen et jeannois?
Lors de l'installation des familles sur le territoire, la majorité s’installe dans les plaines et les terres avoisinantes à ces dernières. On évite le plus possible les terrains montagneux. Au 19e siècle, tout comme aujourd'hui, les conditions climatiques variables peuvent jouer sur les récoltes ce qui a un impact sur l’alternance entre bonnes ou mauvaises récoltes pour l’exploitant d’une terre. A l’origine, comme les terres sont boisées, le dessouchement exige beaucoup de temps et d'efforts de la part des agriculteurs. Au cours des premières années, ils doivent semer entre les souches, limitant ainsi grandement les espaces ensemencés et les possibilités d'utilisation des machineries agricoles. Cela provoque inévitablement le besoin d'une main-d'œuvre abondante afin d'aider aux travaux agricoles. Les enfants aident donc leur père, ce qui évite l'embauche d'ouvriers salariés.
Les techniques agricoles évoluent peu pendant le 19e siècle. En région saguenayenne, on utilise peu les labours, tandis que certains ignorent totalement la rotation ou l'assolement. L'agriculture devient ainsi routinière, ce qui appauvrit plus rapidement les sols fertiles. On se consacre presqu'exclusivement à la production de grains et on y compte peu de diversité. De plus, peu de fermes possèdent du bétail et de cheptel laitier. En 1901, les taux de rendement des produits cultivés rejoignent ceux du reste de la province de Québec, surtout en ce qui a trait à l'avoine, aux foins et aux pommes de terre. Par contre, les productions de blé et d'orge sont légèrement moindres, alors que le seigle est en quantité négligeable.
À partir des années 1880, l'industrie laitière se développe de plus en plus. Les agriculteurs se sont rendus compte que cette production est rentable et rapporte de l'argent sonnant, contrairement aux pitons de compagnies forestières (argent qui peut être dépensé uniquement dans les magasins de la compagnie en question). L'industrie laitière permet aux agriculteurs d'entrer dans un circuit commercial et rend possible la vente de ces produits. Finalement, cette production aide les cultivateurs à devenir de plus en plus autonomes face à l'industrie forestière.
En conclusion, l'agriculture du 19e siècle n'a pas vraiment vécue de grands bonds en avant. Les méthodes de culture suffisent à la subsistance des colons qui s'en contentent. Les colons ne sont pas intéressés à la productivité, du moins pas encore. L'industrialisation et l'urbanisation amèneront de grands changements au courant du 20e siècle.
Bibliographie :
Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.