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Chania

La parenté et la consanguinité
Thème : Société et institutions

La parenté et la consanguinité au Saguenay–Lac-Saint-Jean pendant le 19e et le 20e siècle

Camil Girard et Laurie Goulet, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 2003


Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les activités en famille telles que le défrichement, la coupe du bois et les veillées ont beaucoup d'importance. En effet, c'est pendant les veillées que des liens se forment entre les gens d'un même voisinage. En période de colonisation, la parenté compte beaucoup, car un réseau d'entraide fiable permet une meilleure installation. Comment cela peut-il se concrétiser et quelle est l'importance de la consanguinité dans un tel réseau? A l'évidence, parenté doit se distinguer de consanguinité.
 
Dans une région où tout est à entreprendre telle que le Saguenay–Lac-Saint-Jean, l'implantation sur un nouveau territoire peut devenir complexe. C'est dans ces moments que la parenté joue un grand rôle. En effet, les liens parentaux favorisent l'installation des familles dans un rang, dans un village, voire même dans divers quartiers d'une ville. Les réseaux d'entraide prennent toute leur importance. 
 
Le contexte de peuplement rend les habitants interdépendants, car ils sont éloignés de tout. L'organisation sociale étant plutôt cahotique, le rôle de la parenté est accentué, car elle incarne une des seules sources constantes de fiabilité. Les relations d'interdépendances entre les parents et les enfants mènent à la formation d'une forte solidarité familiale. Ces liens sont répercutés au sein des communautés, ce qui entraîne des relations d'entraide très serrées entre les différents groupes sociaux. 
 
Selon Bouchard et De Braeckeleer, la consanguinité est un lien qui unit des personnes qui possèdent un ancêtre commun. L'Église interdit les mariages dont les deux époux sont parents. Cependant, moyennant une dispense monétaire, le couple peut contourner cette interdiction. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, la fréquence des mariages consanguins est très faible. Le taux se situe à 10 s% au début du 20e siècle, ce qui s'explique par le choix limité des conjoints. À partir des années 1920, le taux commence à décroître, il atteint 4 % en 1932-1941 et tombe à 1% à partir des années 1950. Différents facteurs peuvent expliquer cette baisse. L'augmentation de la population et la construction de voies de communication viennent diversifier le choix des conjoints. Par rapport aux taux observés dans la province de Québec, le Saguenay–Lac-Saint-Jean conserve généralement une fréquence basse. En effet, à la fin du 19e siècle, les mariages consanguins sont en moins grande quantité dans la région saguenayenne que dans la région de Québec par exemple. 
 
Les liens de parenté et l'entraide familiale ont favorisé l'insertion des familles dans les nouveaux territoires saguenayens. Cependant, même si on tient à perpétuer des valeurs autour des dynamiques familiales, les mariages entre proches parents demeurent rares et mal vus. D'où l'importance de rappeler que si les Saguenayens et les Jeannois sont souvent apparentés, cela ne signifie surtout pas qu'ils ont des liens consanguins que des mariages entre parents auraient permis ou favorisé. Ce n'est pas le cas. Les recherches approfondies sur la question le prouvent.


Bibliograpahie :

Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
Bouchard, Gérard et Marc de Braekeller. Pourquoi des maladies héréditaires?, Québec, Septentrion, 1992. 182 p.
Girard, Camil et Catherine Ferland. « J'me marie, j'me marie pas... Conjugalité à Laterrière (1900-1950) », Saguenayensia, vol. 44, no 3, juillet-septembre 2002, p. 22-30.
 
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