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La paroisse comme lieu d'encadrement
Thème : Société et institutions

La paroisse comme lieu d'encadrement culturel et sportif

Laurie Goulet, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 2003


Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, comme ailleurs au Québec, le curé de paroisse joue un rôle important dans l’organisation des communautés qu’il encadre. Cette situation a prévalu jusqu'aux années 1960. Souvent cette personne est la plus instruite de la paroisse. La religion s'insère ainsi dans toutes les sphères de la vie des citoyens.
 
En plus de s'occuper de ses tâches spécifiques telles que la construction et l'entretien de l'église et du presbytère, le prêtre d'une paroisse s'intègre à la vie sociale des habitants. Il se tient au courant de l'état de l'agriculture, des problèmes de transport et des questions scolaires. Souvent, le curé a également le souci de fonder une bibliothèque paroissiale qui sera sous sa responsabilité. C'est ainsi que dès 1856, l'abbé Lucien Otis fonde une bibliothèque paroissiale à Bagotville et une autre à l'Anse-Saint-Jean en 1865. On y retrouve des livres de piété, des ouvrages d'histoire et des romans au goût du jour. Les moyens financiers étant limités pour l'achat de volumes, on se consacre principalement aux « bonnes œuvres chrétiennes ». Il faudra attendre les années 1960 pour que l'État et les organisations publiques prennent en charge la responsabilité des bibliothèques dans les villes et villages.
 
Pour l'Église, la culture passe par la propagation de la foi et de la morale chrétienne. Les pièces de théâtre que les prêtres organisent doivent donc promouvoir les valeurs chrétiennes. Le cinéma étranger, dont le contenu n'est pas contrôlé par le clergé, est fortement déconseillé aux habitants de la région. De plus, ces activités ne doivent pas entraver le congé du dimanche. C'est ainsi qu'au 20e siècle, les Chevaliers de Colomb collaborent avec les autorités religieuses et civiles afin d'interdire le cinéma lors de cette journée sacrée. 
 
L'influence de l'Église se retrouve également dans la toponymie du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Lors de l'ouverture d'une nouvelle municipalité, le curé fait preuve d'insistance afin que celle-ci porte le nom d'un saint patron, Saint-Joseph, Saint-Paul ou d'un vénérable ecclésiastique tel que l'évêque Dominique Racine ou les premiers fondateurs, Nicolas-Tolentin Hébert. Quelque fois, cela se pratique également pour le nom de municipalités déjà existantes. C'est ainsi que la paroisse de « Descente-des-femmes » devient Sainte-Rose-du-Nord.
 
Par ailleurs, plusieurs organisations sont fondées dans différents domaines afin d'encadrer la population. L'Association catholique de la jeunesse catholique-française (ACJC), l'Union catholique de cultivateurs (UCC) et l'Union catholique des femmes rurales (UCFR) font toutes trois parties de ce mouvement associatif. Les sphères d'activités sont diverses, allant des loisirs, à la culture en passant par le syndicalisme. Ces associations favorisent l'écoute des membres, mais les bouleversements des années 1960 feront changer ce mode de fonctionnement.
 
En 1935 au plan sportif, à Chicoutimi, l'ACJC s'occupe des loisirs et des sports de la ville. Elle s'engage dans l'Oeuvre des terrains de jeux (OTJ), alors que la ville de Jonquière fonde le Patro pour œuvrer auprès des jeunes des quartiers. Ces organisations font la promotion des bienfaits du sport. La mise en place des activités sportives et des loisirs s'effectue très tôt dans la région, mais c'est dans les années 1930 et 1940 qu'elles deviennent plus populaires.
 
Plusieurs municipalités possèdent une équipe de hockey et affrontent les équipes des paroisses ou des villes voisines. Plus tard, des ligues font leur apparition et ce dans plusieurs disciplines : la ligue régionale de baseball en 1936, la ligue de hockey du Lac-Saint-Jean en 1939, la ligue de hockey junior du Saguenay en 1946 et la ligue régionale de ballon-panier en 1950. Ces ligues ont des durées de vie plus ou moins longues. 
 
D'autres sports se pratiquent dans la région. Au cours des années 1920, des combats de lutte et de boxe ont lieu, entre autres, à Saint-Jérôme de Métabetchouan et à Saint-Félicien. L'Église est intimement liée à ces activités, mais elle tient à faire respecter le congé du dimanche. Elle réussit en 1935 à faire cesser les combats de lutte et de boxe qui ont lieu le dimanche et ce au sein des municipalités de Chicoutimi et de Jonquière aidés en cela par les maires de ces deux paroisses. Des courses de chevaux ou de chiens continuent également à divertir la population.
 
En conclusion, on peut noter que l'Église s'implique beaucoup dans son milieu que se soit dans le domaine culturel ou sportif, en plus de s'occuper des services de la santé et de l'éducation. Les religieux continueront à exercer cette influence jusqu'aux années 1960. Puis cette responsabilité passe graduellement des mains de l'Église à celles de l'État ou de leurs représentants. Débute alors la laïcisation de plusieurs domaines d'activités et la mise en application de grands changements dans la société québécoise, ce qui est souvent associé à la Révolution tranquille.
 
 
Bibliographie :

Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
 
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