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La Société des vingt-et-un
Thème : Économie

La Société des vingt-et-un entreprend la colonisation du Saguenay dans les années 1840

Camil Girard et Laurie Goulet, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 2003

 

La population du Saguenay–Lac-Saint-Jean tient à se rappeler des ancêtres qui occupent une place importante dans son patrimoine historique. Ces premiers individus qui ont mis le pied en terre saguenayenne en 1838 afin de devenir propriétaire et de pratiquer l’agriculture, sont identifiés à la Société des vingt-et-un. Voyons un peu en quoi consiste cette société, pour quelles raisons elle est venue dans la région et la place qu’elle occupe dans le patrimoine régional.
 
Le commerce international joue un rôle majeur dans l'ouverture du Saguenay. En effet, l'Angleterre, privée de ses colonies forestières de la mer Baltique au 19e siècle, hausse ses importations de bois venant du Canada. Comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean est riche dans ce domaine, des entrepreneurs comme William Price songent à y construire des installations afin de démarrer l'industrie forestière. C'est ainsi qu'un groupe, originaire de Charlevoix, composé de 21 actionnaires, prend forme et s’intéresse à l’exploitation des ressources du bois et de la forêt. La Société des vingt-et-un vient ainsi de naître. Deux hommes dirigent ce regroupement, il s’agit d’Alexis Tremblay et de Thomas Simard. Cependant, les sociétaires doivent prendre en considération que l’agriculture est interdite à cette époque sur le territoire. Mais comme ces hommes ont un certain âge et qu'ils sont bien établis dans Charlevoix, ils ne comptent pas vraiment s’installer définitivement au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ils viennent plutôt faire de l’argent et surtout, ils cherchent à installer leurs enfants. 
 
Au printemps 1838, suite aux problèmes qu’occasionnent les Troubles de 1837-1838, le gouvernement du Bas-Canada, en accord avec la compagnie de la Baie d’Hudson qui vient d’acheter la Concession sur les fourrures en 1831, permet à la Société des vingt-et-un de s’installer au Saguenay. Quelques membres du groupe part de la Malbaie, se dirige d’abord vers l’Anse-Saint-Jean et se rend ensuite à la Grande-Baie. Une fois arrivée à destination, les actionnaires débutent la construction des installations. En moins de quatre ans, neuf scieries sont construites. Cependant, le capital qu’ils investissent dans l’entreprise est de moins grande importance que celui de l'entrepreneur d'origine anglaise William Price. Certaines études tentent à confirmer l’hypothèse voulant que les Vingt-et-un aient été des agents inavoués de Price qui achète toute la production des sociétaires. Cela se confirme lorsque qu’en 1843 Price rachète toutes les installations du Saguenay et acquiert ainsi le monopole du commerce du bois dans la région. La Société des vingt-et-un disparaît, et cela en même temps que se concrétise la vente.
 
Le mythe des pionniers et fondateurs reste bien ancré dans la mentalité régionale car les célébrations entourant la Société des vingt-et-un sont encore vivaces dans ville Saguenay. Retenons toutefois qu'ils ne sont pas les premiers à occuper le territoire saguenayen. Les Amérindiens restent les premiers occupants du territoire.
 
 
Bibliographie :

Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
Pouyez, Christian, Yolande Lavoie et alii, Les Saguenayens, Introduction à l'histoire des populations au Saguenay (XVIe-XXe siècle), Sainte-Foy, Québec, 1983, Les Presses de l'Université du Québec. 386 p.
Dechêne, Louise. « Les entreprises de William Price (1810-1850) : scieries et chantiers », Saguenayensia, vol. 12, no 4, juillet-août 1970, p. 82-85.
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