Thème :
Territoire et ressources
Le sol du Saguenay–Lac-Saint-Jean
Étienne Troestler, Cégep de Jonquière, 13 novembre 2002
La pédologie est l’étude des sols, couches superficielles de la terre. C’est une science particulièrement intéressante pour analyser le potentiel agricole d’un territoire. Comme région ressource, le Saguenay–Lac-Saint-Jean se doit de pourvoir les populations des régions métropolitaines de l’axe du St-Laurent de denrées agroalimentaires de son terroir, en lien avec les sols qu‘il contient de même que leurs contraintes.
Pendant près d’un siècle, à partir des débuts de la colonisation (1838) jusqu’à l’adoption du drapeau régional, une des couleurs principales de ce drapeau, le jaune, illustrait la richesse du domaine agricole régional. La région se faisait appeler à cette époque le « grenier de la province ». Les sols sont en relation directe avec les roches qui les soutiennent, car ils sont le plus souvent leur produit même. L’origine des dépôts meubles de la région, l’épisode des grandes glaciations et les éléments climatiques actuels sont autant de facteurs influençant les types de sols. Beaucoup de dépôts meubles régionaux sont d’origine morainique, soit des débris rocheux et sablonneux transportés par le passage du grand glacier. Celui du Quaternaire, il y a 12 500 ans, pouvait avoir presque 2 kilomètres d’épaisseur et a laissé sur le sol de nombreux matériaux à la base du sol actuel. Beaucoup d’autres territoires de la région, particulièrement les zones inférieures à 180 mètres d’altitude ont été envahies par le Golfe de Laflamme, bras marin de la Mer de Champlain qui a ennoyé toutes les basses terres de la vallée du Saint-Laurent. Dans ces endroits, ce sont davantage des dépôts d’origine marine caractérisés par la présence d’argile.
Les paysages du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont donc constitués de matériaux typiques des paysages des hautes terres (origine glaciaire) et des basses terres (origine marine). Dans les hautes terres, nous retrouvons des sols appelés podzols qui, sans avoir de grandes possibilités agricoles possèdent en retour un bon potentiel forestier. Particulièrement pour les forêts de conifères ou taïga. Dans les basses terres, la variété est plus grande et le potentiel aussi : des sols de type brun-boisé, des gleysols, des podzols et enfin des sols organiques (terre noire et tourbe). Les meilleurs sols de la région sont situés dans les zones de plaines, comme celles autour d’Hébertville et de Normandin au Lac Saint-Jean et entre Jonquière et Laterrière au Saguenay.
Pour l’ensemble du territoire canadien existe un système de classification du potentiel agricole. Les cartes, et légendes appropriées se retrouvent sans un lien en référence. Les cartes illustrent les possibilités qu ‘offre une région donnée pour sa production agricole. À partir de relevés pédologiques, le potentiel agricole des terres est évalué sur une échelle de 1 à 7. Plus le chiffre est petit, meilleur est le sol, tandis qu’un chiffre plus élevé sera accompagné de limitations plus sévères. À partir de ce système, les sols régionaux ont été évalués et il en ressort qu’aucun de ces sols ne mérite la classe #1. À l’inverse, la majorité des sols des hautes terres sont classés # 7.
En région, ce sont les classes # 2, # 3 et # 4 qui se partagent les territoires des basses terres. Les limitations agricoles vont de légères à graves et touchent des aspects comme le climat défavorable, la vigueur de l’érosion, la faible fertilité, le risque d’inondations, la faible rétention en eau, la pierrosité, l’épaisseur du sol, le relief indésirable ou enfin l’excès d’humidité. Une limitation peut encore être contournable. Mais la combinaison de plusieurs de ces facteurs limitatifs devient une contrainte majeure pour la productivité et le rendement. Dans les basses terres, les sols servent surtout au Saguenay–Lac-Saint-Jean de support à l’activité reliée à l’élevage de vaches laitières, principale activité économique de ce secteur primaire, soit la culture des fourrages et surtout dans les sols marins, les pâturages.
Références :
Portrait régional :
Évolution de l’agriculture :
Éléments biophysiques Saguenay :
Éléments biophysiques Lac-Saint-Jean :
Vexillologie Saguenay :