Thème :
Territoire et ressources
Le climat au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Étienne Troestler, Cégep de Jonquière, 13 novembre 2002
Parmi tous les facteurs ayant une certaine influence sur la vie d’une collectivité, le climat est probablement le plus déterminant. Ses effets se font sentir dans une foule de domaines, que ce soit l’agriculture, le transport, l’habitat, la santé et les activités récréotouristiques. Dans le langage populaire ou dans les discussions de tous les jours, il prend une place de tous les instants. On consulte la météo avant de sortir ou de prévoir une activité à l’extérieur. Certains auteurs ou partisans de l’ouverture de la région au siècle dernier vantaient déjà la clémence du climat régional. D’autre part, un des grands poètes du Québec contemporain chantait à qui voulait bien l’entendre, que son pays n ‘était pas un pays, mais bien l’hiver. Par sa localisation, la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est l’une des régions les plus au nord de l’espace habitable, habité et occupé par l’être humain, espace généralement désigné sous le nom d’œkoumène.
Selon le système de classification climatique de De Koeppen, largement connu et reconnu, le Saguenay jouit d’un climat humide à été frais, dans la grande variété des climats tempérés continentaux. Cinq grands facteurs expliquent le climat régional : les températures, les précipitations, les vents, l’ensoleillement et le rythme des saisons.
Les températures sont le premier des principaux facteurs physiques. Certaines études démontreraient que les températures seraient tributaires de masses d’air en provenance de la région du fleuve Saint-Laurent et qui remonteraient par la vallée du Saguenay, pour aller ceinturer la région du lac Saint-Jean. Les températures moyennes annuelles oscilleraient entre 1,4 et 3,3 degrés Celsius. Ce qui demeure nettement moins que la région de Montréal avec une moyenne de 7 degrés. L’écart thermique annuel est considérable avec près de 90 degrés : minimum de – 45 degrés et maximum de 42 degrés.
En second lieu, on dénote les précipitations. Dans l’ensemble, la région accuse moins de précipitations que dans les régions du Québec méridional. Autour de 80 centimètres par année, comparativement à plus de 90 cm pour Québec et Montréal. Sans oublier que 10 cm de neige donnent l’équivalent de 1 cm de pluie. Il existe habituellement deux périodes de précipitations. Une de pluies de juin à novembre, qui est la période la plus intense et une moindre, en précipitations de neige de novembre à mai. Exceptionnellement, et semble-t-il suite aux changements climatiques contemporains, la région a connu des pluies diluviennes en juillet 1996. On a baptisé l’événement de « déluge du Saguenay ». Une tempête tropicale, partie du Golfe du Mexique a remonté le cours du Mississipi, puis les Grands Lacs et enfin le fleuve Saint-Laurent. Habituellement, elle va finir sa course dans l’Océan Atlantique. Mais elle a bifurqué sur la réserve faunique des Laurentides ou il est tombé plus de 250 millimètres de pluie en 3 jours. Cinq rivières de cette réserve, gonflées à bloc ont déversé toutes leurs eaux dans un lac réservoir, qui ne possède que deux rivières, et en plus harnachées par des barrages. Rapidement l’eau a contourné ces ouvrages pour envahir des quartiers urbains complets. Quelques malheureuses pertes de vie et près d’un milliard de dollars de dommage! Des cicatrices béantes où l’eau reprend ses droits. Un phénomène, qui selon les spécialistes n’arrive qu’à tous les 10 000 ans !
Troisième facteur, les vents. Pendant l’été, ils viennent surtout du sud et du sud-ouest, tandis que leur origine l’hiver est davantage du nord-ouest. Ce sont les vents qui amènent les masses d’air chaudes ou froides, selon la saison et l’humidité engendrant les précipitations.
En quatrième lieu, l’ensoleillement. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le soleil ne paraît que de 35 à 40 % du temps, soit en moyenne un jour sur trois. Ce qui donne plus ou moins 1 700 heures de soleil par année.
Dernier facteur, le rythme des saisons. Outre la séquence normale de l’alternance des 4 saisons, son influence déterminante se fait sur la saison végétative ou nombre de jours sans gel. Cette saison est beaucoup plus courte que dans la région de Montréal. Au printemps, les gelées nocturnes se font encore sentir au mois de mai et il n’est pas rare de les voir réapparaître à la mi-septembre. Ce qui laisse peu de jours de croissance pour certaines cultures agricoles. Quelque soit la saison qu’on aime ou qu’on déteste, il y aura toujours des activités à chacune des 4 saisons et des amateurs pour en profiter.
Bibliographie :
Déluge de l’été 1996 :
Pluies diluviennes 1996 :