Thème :
Territoire et ressources
La forêt au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Étienne Troestler, Cégep de Jonquière, 13 novembre 2002
Au niveau végétal, le Saguenay–Lac-Saint-Jean fait partie d’une zone relativement bien délimitée. On parle principalement de forêt de conifères ou taïga, qui est un biome humide de la zone tempérée que plusieurs appellent aussi la forêt boréale. Elle s’étend essentiellement sur les hautes terres du massif montagneux des plateaux des Laurentides au sud du Saguenay et ceux du Labrador au nord.
La forêt boréale connaît de nombreuses perturbations environnementales dont les principales sont les feux de forêt répétitifs, les épidémies d’insectes et les coupes commerciales. Selon les cartes écologiques, dont la célèbre carte de Jurdant datant de 1977, la forêt coniférienne est dominée par l’épinette noire, accompagnée généralement de certaines espèces comme le sapin baumier, le bouleau blanc, le pin gris et le peuplier faux-tremble. La cohabitation de certaines espèces végétales donne naissance à ce qu’on nomme des domaines écologiques. La sapinière à bouleau blanc couvre la dépression du lac Saint-Jean et le massif des Laurentides. La sapinière à épinette noire les hautes terres de plus de 700 mètres d’altitude et la pessière noire à mousses le nord-ouest du lac Saint-Jean.
L’autre type de végétation relève de la forêt mixte, sorte de zone de transition entre la forêt de feuillus et la forêt boréale. Elle recouvre les basses terres du Saguenay et du Lac-Saint-Jean et les basses vallées donnant sur le fjord du Saguenay. C’est une forêt dominée par le sapin baumier associé à l’épinette noire, au bouleau jaune, à l’érable rouge et au peuplier faux-tremble. Occasionnellement, l’on peut y trouver quelques ormes d’Amérique, un peu de frêne noir, pin rouge et pin blanc. Cette dernière espèce était une des justifications de l’ouverture de la colonisation régionale en 1838. On se servait de ce résineux longiligne et peu noueux comme mât de navire pour la couronne britannique particulièrement. Cette végétation de forêt mixte connaît aussi ses perturbations, comme les épidémies, et les coupes. La sapinière à bouleau jaune couvre une grande partie du territoire oriental du Québec, et fait souvent office de transition entre le domaine de l’érablière à bouleau jaune au sud et la sapinière à bouleau blanc plus au nord. Quant à la sapinière à érable rouge elle couvre les basses terres de la plaine du lac Saint-Jean et les collines du Bas-Saguenay.
La forêt boréale est moins diversifiée que la forêt mixte par ses contraintes climatiques, son sol plus acide et la faible épaisseur du sol arable. Selon les relevés officiels du Ministère des ressources naturelles du Québec, 88 % du territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean est constitué de terrains forestiers. Cette zone forestière appartient majoritairement aux espèces résineuses (72 %) alors que les espèces feuillues n’accusent que 10 % du total. Le 18 % regroupe les couverts mélangés. La presque totalité (95 %) du territoire forestier est sous juridiction provinciale, ce qui représente 28 % de la superficie forestière du Québec. Seulement 5 % du territoire est d’intérêt privé, ce qui fait que la forêt régionale appartient majoritairement au domaine public.
Autre statistique éloquente du potentiel de nos forêts régionales : 91 % sont composés d ‘espaces non seulement productifs, mais aussi accessibles. A la fin du vingtième siècle (1998), le volume marchand s’établissait à près de 620 millions de mètres cubes de matière ligneuse, dont 85 % est constitué d’essences résineuses. A elle seule, l’épinette noire équivaut à 80 % de la récolte des résineux. Les deux espèces de feuillus qui conjuguent leurs productions sont le bouleau à papier et le peuplier faux-tremble. Une des constatations de l’Écosommet régional de 1996 sur la ressource forêt, c’est l’équilibre de cette dernière relativement à son âge. 46 % de la forêt régionale est composée de peuplements de moins de 60 ans. Une référence donnée en bas de texte propose un tableau intitulé la filière des principaux produits du bois. Ce tableau très révélateur indique pour chacune des essences régionales, la forme de la matière première, la façon dont cette essence est utilisée en première transformation de base et à valeur ajoutée, de même qu’en seconde transformation. On découvre la panoplie d’utilisations de cette ressource dont le Saguenay-Lac-Saint-Jean est avantageusement pourvue.
Citons en terminant quelques phrases empruntées aux États généraux sur la forêt que vous retrouverez en troisième référence. « En plus de représenter une réserve en matière ligneuse, le milieu forestier constitue l’habitat d’une faune diversifiée, la source d’une grande variété de paysages et d’une multitude d’activités économiques et récréatives. Il joue également un rôle de premier plan pour la préservation des ressources renouvelables, l’oxygénation de l’air, la protection des sols, la filtration de l’eau, et le maintien du climat, tout en limitant les répercussions des problèmes environnementaux, tels l’effet de serre et la désertification ».
Bibliographie :
Carte forestière Saguenay–Lac-Saint-Jean
Histoire des feux de forêt au Québec
Tableaux sur les forêts au SLSJ
Filière des produits du bois SLSJ
Ministère Ressources naturelles : forêts