Thème :
Territoire et ressources
La faune et la flore au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Étienne Troestler, Cégep de Jonquière, 13 novembre 2002
Quant nous évoquons les termes de faune et de flore, nous pensons immédiatement à animaux à poil, à plumes, ou à écailles et à fleurs particulières. Si nous appliquons cette définition au territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, les premiers mots qui nous viennent en tête sont la ouananiche, poisson typique du lac Saint-Jean et le bleuet, fruit devenu légende et symbolique du Saguenay mais aussi de sa population. Or, un milieu régional comme le nôtre, avec ses propres caractéristiques biophysiques, regorge de beaucoup plus d’espèces animales et végétales qu’un seul poisson et un seul petit fruit, si célèbres soient-ils. Avec sa dualité de hautes et de basses terres, son réseau hydrographique concentré autour d’un immense lac et d’un fjord unique, ses trois régions naturelles (voir références # 4, 5 et 6) complémentaires et son microclimat tributaire de tous les autres facteurs, le Saguenay–Lac-Saint-Jean possède une faune et une flore qui se distinguent des autres régions du Québec.
Le fjord du Saguenay, vestige de l’invasion marine du Quaternaire, voit évoluer plusieurs espèces qu’on nomme benthiques, c’est-à-dire vivant dans les eaux profondes. Les chercheurs ont inventorié plus de 400 espèces d’invertébrés aquatiques vivant dans ce milieu marin particulier. Plusieurs de ces espèces arctiques ne sont d’ailleurs présentes que dans le fjord du Saguenay. Parmi les espèces les plus fréquentes, l’on retrouve la mye commune, le crabe des neiges, la crevette nordique et plusieurs brachiopodes, mollusques, et crustacés. Malheureusement, par la contamination industrielle et au mercure, plusieurs de ces espèces sont interdites de pêche depuis quelques décennies. L’embouchure du fjord est reconnue aussi par sa population de flétan du Groenland et du sympathique béluga. Lors des activités de pêche blanche, ou pêche sous la glace du fjord, les espèces les plus prisées sont le sébaste, l’éperlan et la morue (référence #10). Pour les amateurs de pêche sportive, d’autres poissons comestibles peuplent les nombreux lacs et rivières de la région. D’abord 2 poissons appelés anadromes, puisqu’ils vivent en milieu marin, mais viennent frayer en eau douce : le saumon atlantique et la truite de mer. Puis les variétés de truites et de brochets, que l’on peut pêcher un peu partout. Enfin, le lac Saint-Jean se caractérise par le doré jaune et la ouananiche, deux poissons reconnus pour leur combativité. Toutefois, la ouananiche, emblème animalier de la région (référence # 9) qui avait attiré de nombreux touristes au dix-neuvième et vingtième siècle voit sa survie menacée par la pollution et le braconnage.
La faune des hautes terres de la région se caractérise par la présence de plusieurs mammifères typiques de l’écosystème du Bouclier canadien, comme l’orignal, l’ours noir, le castor et le tétras des savanes. Comme dans d’autres régions, plusieurs habitats fauniques sont menacés par les coupes forestières, les activités agricoles, minières, les précipitations acides, les aménagements hydroélectriques et l’urbanisation. Les espèces plus menacées sont le lynx, le caribou, la martre et le pékan.
La région possède toutefois quelques habitats spécifiques qui abritent certaines populations ailées lors des migrations saisonnières ou à certaines périodes de l’année : le marais de Saint-Gédéon au lac Saint-Jean, les battures de Saint-Fulgence et l’embouchure du Saguenay en font partie. Le marais est un milieu humide unique qui sert de halte migratoire et de zone de nidification pour plusieurs espèces d’oiseaux. Les battures attirent des milliers d’outardes et d’oies du Canada qui viennent se repaître lors de leur pèlerinage saisonnier. L’embouchure, étant libre de glace l’hiver sert de repère pour des milliers de canards noirs.
La flore se distingue aussi. L’emblème floral de la région se nomme la gaillarde. Son nom honore un grand mécène de la botanique, le français Gaillard de Charentonneau, qui a vécu au XVIIe siècle. Cette plante de jardin ressemble à une marguerite rouge et jaune. Outre cette fleur particulière, les botanistes estiment la diversité florale régionale à 1260 espèces, dont plusieurs sont cantonnées dans la région de l’estuaire du Saguenay.
Sur le plan floristique, la particularité régionale la plus connue reste certes le bleuet, dont deux espèces se retrouvent en région : le vaccinium angustrifolium et le vaccinium myrtilloides. Cet arbuste produit un petit fruit au goût prononcé et qui fait l’objet d’une exploitation commerciale. Le bleuet pousse un peu partout, mais plus facilement dans les zones soumises au défrichement et dans les brûlis. D’ailleurs, on raconte que c’est le grand feu de 1870, qui a dévasté les deux-tiers de la région qui est à l’origine de la multiplication de cet arbuste. Depuis une quarantaine d’années, on le cultive dans des endroits qu’on appelle bleuetières. La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean en possède près d’une centaine, sur plus de 15 000 hectares et la production atteint en moyenne 6 millions de kilogrammes, pour des recettes dépassant les 7 millions de dollars. Sans compter les 3 millions et demi de kilogrammes ramassés dans les forêts, crans rocheux ou hors bleuetières. Ce n ‘est pas pour rien que ce petit fruit bleu, tendre et savoureux est devenu le surnom de la population régionale, et que même à l’extérieur de la région, on nous appelle des bleuets.
Bibliographie :
Service canadien de la faune : la faune ongulée :
Service canadien de la faune : la sauvagine :
Espèces de poissons comestibles SLSJ
Région naturelle du Massif du Mont Valin :
Région naturelle du Fjord du Saguenay :
Région naturelle des basses terres du Saguenay Lac Saint-Jean :
Faune et flore SLSJ
Emblème floral du Saguenay Lac Saint-Jean :
Emblème animalier Saguenay Lac Saint-Jean
Pêche blanche hivernale dans le Fjord du Saguenay :
Marais humide de Saint-Gédéon