Thème :
Territoire et ressources
L’eau au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Étienne Troestler, Cégep de Jonquière, 13 novembre 2002
L’eau douce a toujours été un facteur important pour la naissance et le développement de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle constitue non seulement une des ressources renouvelables majeures de notre région, mais a servi et sert encore à de nombreuses causes : voie de pénétration historique par la « route des fourrures », route de navigation commerciale et touristique, élément économique important pour le flottage du bois et l’hydroélectricité, récréotourisme et bien d’autres.
Le bassin hydrographique du Saguenay appartient à celui du fleuve Saint-Laurent. Il est entouré à l’est par le bassin de la rivière Betsiamites, à l’ouest par celui du Saint-Maurice et au nord par les bassins du versant oriental de la Baie James. D’une superficie de 88 000 kilomètres carrés, il est le deuxième en importance dans l’ensemble hydrographique du Saint-Laurent après celui de la rivière des Outaouais. Le réseau hydrographique du Saguenay est constitué d’une part du lac Saint-Jean, d’une superficie de 1000 km carrés, et de ses tributaires (11) d’orientation nord-sud. La Péribonka, la Mistassini et l’Ashuapmushuan couvrent près de 75 % du territoire régional. La rivière Saguenay (débit moyen de 1460 mètres cube/seconde) constitue la décharge du lac et draine en direction est le reste du territoire (13 bassins majeurs) vers le fleuve St-Laurent. Cette rivière aux eaux saumâtres permet de navires commerciaux de remonter la rivière jusqu’à la baie des Ha! Ha!. Le nom de Chicoutimi signifie jusqu’où c’est profond. Les rivières les plus connues sont, au sud du Saguenay, les rivières Petit-Saguenay, Saint-Jean, Éternité, Ha! Ha!, à Mars, du Moulin, Chicoutimi et Bédard. Au nord du Saguenay, l’on retrouve les rivières Sainte-marguerite, Valin, Caribou, des Aulnaies et Shipshaw. Outre les 3 grandes rivières se jetant dans le lac Saint-Jean, et nommées auparavant, les autres sont la Belle Rivière, la Metabetchouan, l’Ouiatchouan, l’Ouiachouaniche, les rivières aux Iroquois, Mistook et Ticouapé. La carte en référence permettra de mieux visualiser leur répartition (voir bibliographie).
La région possède aussi des milliers de lacs, héritage de la structure géologique du Bouclier canadien et de la grande glaciation du Quaternaire. Les plus connus outre le lac Saint-Jean, réservoir pour la compagnie d’aluminium Alcan et célèbre pour sa pêche au doré et à la ouananiche, saumon d’eau douce, sont les lacs réservoir de Pipmuacan (780 km2), Manouane (461 km2), Plétipi (340 km2) et Péribonka (265 km2). Outre leur vocation première, soit d’être des réserves pour l’hydroélectricité, ces lacs sont réputés pour la pêche sportive. Enfin, 3 autres lacs sont reconnus pour la villégiature et la pêche, soit les lacs Kénogami (qui sert aussi de réservoir : 52 km2), Bouchette (5 km2) et des Commissaires (29 km2). Pendant des siècles, les voies d’eau ont servi de route commerciale pour les premières Nations, puis de route des fourrures lors des premiers échanges avec les colonisateurs européens.
A l’aube de l’histoire régionale, les rivières ont changé de vocation. En plus d’être les voies de circulation de l’époque, plusieurs ont servi pour le flottage des billes ou pitounes de bois au profit des compagnies forestières qui s’en servaient comme moyen rapide d’acheminer la matière première vers les scieries, puis les compagnies de pâte et de papier qui se sont multipliées sur le territoire au début du vingtième siècle. Cette pratique a duré 160 ans en région et a été interrompue définitivement entre 1989 et 1995.
Grâce au potentiel énorme que possédaient plusieurs rivières au niveau hydroélectrique, plusieurs ont été harnachées par les compagnies de pulpe et de papier, puis à partir de 1926, par la compagnie Alcan, multinationale de l’aluminium bien implantée au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Comme suite aux inondations de 1996, on a dénombré près de 600 ouvrages de rétention d’eau en région. Selon le Ministère de l’Environnement du Québec, 30 % de ces ouvrages sont à vocation hydroélectrique, 30 % servent à des fins de villégiature, et un peu plus de 10 % comme prise d’eau. Le tiers de ces barrages appartiennent à des entreprises privées, 30 % à des individus ou associations de lacs, 18 % sont publics et 12 % relèvent du secteur municipal. L’Alcan gère les 6 plus gros barrages de la région, soit 3 sur la rivière Saguenay (Isle-Maligne, Chute-à-Caron et Shipshaw) et 3 sur la rivière Péribonka (Chute-du-Diable, Chute-à-la-Savane et Chute-des-Passes). Ces six barrages ont une puissance installée de 2687 MW et ce qu’Alcan produit équivaut à la consommation d’environ un million de foyers sur une base annuelle.
La villégiature est une autre utilisation importante. En région, c’est près de 10 000 chalets, souvent en bordure de lacs et rivières. Ces plans d’eau sont aussi utilisés comme lieux privilégiés de navigation. Bateaux de croisières, navigation de plaisance, kayaks de mer et motomarines se partagent ces voies d’eau pendant l’été, tandis qu’en hiver, les sites de pêche blanche se sont multipliés depuis quelques années.
A une époque ou le concept de développement durable prend de l’ampleur, reste à trouver l’équilibre entre le quantitatif et le qualitatif de cette ressource omniprésente mais tellement vulnérable!
Bibliograhie :
Carte des bassins-versants Saguenay
Texte sur les bassins-versants SLSJ
Hydroélectricité et aluminium SLSJ
Cours d’eau du Canada et tributaires
Ministère Environnement du Québec
Eau au Saguenay 1988-1998
Épopée du flottage du bois
Sous la hache et la charrue
Visite virtuelle Musée du Fjord
Portrait régional de l’eau
Fleuves et rivières du Québec