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Thème : Culture

Spectacles et processions de nature religieuse à la grotte de Ville-Marie

Marc Riopel, Ph.D. Histoire, À travers le temps enr., Hudson, 25 octobre 2002

 

Dès les premières années de la fondation de Ville-Marie, la vie culturelle s’organise comme en témoignent les organismes et les manifestations diverses. La plupart du temps, ces activités s’articulent autour de la vie religieuse ou encore sont dirigées par des membres des communautés religieuses. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, une troupe de théâtre, une chorale et une fanfare voient le jour à Ville-Marie. Puis, au début du XXe siècle, les Oblats font construire une grotte dans cette localité où ils organisent notamment un pèlerinage annuel et, dans les années 1950, des pageants. Voici quelques-unes des manifestations culturelles religieuses qui se déroulent à Ville-Marie.
 
En 1888, deux ans à peine après la fondation du village, quelques comédiens fondent la Société d’Opérette de Ville-Marie et s’exécutent publiquement dans un hangar prêté par les pères oblats. Cette même année, le Dr Charles Alphonse Dubé fonde un chœur de chant mixte. En 1905, le père Octave Lambert le remplace et dirige pendant de nombreuses années ce chœur devenu la Chorale de Ville-Marie. Également, pendant l’hiver 1896, Arthur Pelletier fonde la Fanfare de Ville-Marie. Le père Lambert en prend la direction en 1905. Outre sa participation à toutes les manifestations culturelles, la Fanfare présente également des concerts publics le dimanche. 
 
En mai 1886, le père Mourier et les colons de la Baie-des-Pères se réunissent et retiennent le nom de Ville-Marie pour leur hameau, en l’honneur de la vierge Marie. Parallèlement, ce père oblat projette l’élévation d’une grande croix sur le faîte de la montagne qui s’élève à l’arrière-plan du village, face au lac Témiscamingue. Le projet est sans cesse remis, mais il se concrétise finalement en 1904. Le père Pelletier lance alors une cueillette de fonds dans la région pour construire une grotte sur cette montagne. La campagne de souscription va bon train au point où, la même année, les Oblats entreprennent la construction d’une grotte en ciment, sur le modèle de celle de Lourdes en France. 
 
L’inauguration de la grotte a lieu le 23 octobre 1904 et, pour l’occasion, les Oblats y organisent un premier pèlerinage. Les gens viennent de la plupart des paroisses de la région. Les familles de Fabre, Guigues, Lorrainville, Béarn et Laverlochère arrivent en calèches, tandis que celles de Notre-Dame-du-Nord, New Liskeard, Haileybury et Cobalt gagnent Ville-Marie à bord du bateau à vapeur le Météor. Comme il se doit, la Fanfare de Ville-Marie accueille les pèlerins au quai de La Pointe au son de ses cuivres. Le groupe prend ensuite la direction de l’église de Ville-Marie où est célébrée une messe pontificale sous la direction de Mgr Narcisse Zéphirin Lorrain, évêque de Pembroke. L’église est pleine et plusieurs personnes assistent à la messe sur le perron de l’église.
 
Lors de la procession après la messe, le frère Joseph Moffette ouvre la marche et porte la croix, suivi des enfants de chœur, de nombreux pèlerins et de Mgr Lorrain. Ils partent de l’église et se dirigent vers la montagne où s’élève la nouvelle grotte. Les maisons situées sur le parcours, aujourd’hui la rue Notre-Dame-de-Lourdes, sont pavoisées pour l’occasion. À leur arrivée à la grotte, la cérémonie commence avec la bénédiction du site par Mgr Lorrain. Deux chorales chantent à tour de rôle, d’abord celle des enfants, dirigée par Mlle Alvina Ranger, ensuite celle des hommes, dirigée par le Dr C. A. Dubé. Mme Auguste Renault, qui possède un petit harmonium, accompagne les chorales.
 
Une fois les cérémonies du pèlerinage terminées, le père Chevrier, curé de Ville-Marie, procède à la bénédiction de la cloche destinée à la paroisse naissante de Saint-Placide de Béarn. Elle reçoit le nom de Marie-Immaculée. Après cette bénédiction, la Fanfare joue le Ô Canada puis la foule retourne vers le village pour le goûter et les divertissements de l’après-midi. Dans la soirée, un groupe de comédiens interprète une dramatique : La Chaumière bretonne de Théodore Botrel. Ce premier pèlerinage de 1904 marque en fait le début de la procession annuelle à la grotte de Ville-Marie. 
 
Au fil des ans, des modifications sont apportées à la procession et à la cérémonie à la grotte. En 1906, la Fanfare, dirigée par le père Octave Lambert, devient partie prenante de cette manifestation religieuse. Le 13 juin 1934, Mgr Louis Rhéaume, évêque d’Haileybury, annonce au clergé et aux fidèles de son diocèse la consécration de la grotte Notre-Dame-de-Lourdes de Ville-Marie comme lieu de pèlerinage public. Depuis ce temps, le 15 août devient une fête pieuse régionale regroupant au pied de la grotte un nombre de plus en plus élevé de catholiques. Puis, en 1945, le père curé de Ville-Marie procède à l’agrandissement du terrain et un chemin de croix y est aménagé. Au début des années 1950, les Oblats et un groupe de citoyens de Ville-Marie organisent les pageants à la grotte. Pendant quatre années consécutives, entre 1952 et 1955, des comédiens reprennent les scènes de la Passion. Ces comédiens, habillés de costumes évoquant ceux de l’époque, interprètent la dernière Cène et reconstituent la crucifixion. Les pageants se déroulent en soirée, rendant nécessaire la mise en place d’un système d’éclairage. Cet événement attire chaque année des milliers de personnes, en plus d’être radiodiffusé en direct sur les ondes de CKVM, la station de radio régionale. 
 
Les manifestations culturelles de nature religieuse apparaissent donc tôt dans l’histoire de Ville-Marie. Mentionnons la mise sur pied d’une troupe de théâtre amateur, d’une chorale et d’une fanfare. Ces deux dernières sont dirigées pendant plusieurs années par un père Oblat. Puis, en 1904, les Oblats font construire une grotte à Ville-Marie, sur le modèle de celle de Lourdes. C’est le début de manifestations religieuses diverses à cette grotte, dont les plus importantes apparaissent les pèlerinages et les pageants.


Bibliographie :

Riopel, Marc. De la Baie-des-Pères à Ville-Marie, 1886-1986. Ville-Marie, Comité du Centenaire de Ville-Marie, 1986. 307 p. 
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