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Chania

François-Albert Angers
Thème : Société et institutions

La racine charlevoisienne de François-Albert Angers (1909-2003)

Serge Gauthier. Président de la Société d’histoire de Charlevoix. La Malbaie, 16 juillet 2003


Grand économiste, fervent nationaliste, bâtisseur du Québec moderne, François-Albert Angers s’est éteint à Montréal, le 14 juillet 2003, à l’âge de 94 ans. Il a demandé à être inhumé au cimetière de La Malbaie et certains s’en étonneront s’ils ne savent pas que ce grand intellectuel québécois possède un enracinement profond dans la région de Charlevoix.
 
Né à Québec en 1909, fils d’Albert Angers, médecin, et d’Odulie LaRoche, François-Albert Angers était par son père descendant d’une lignée familiale dont le premier ancêtre est Simon Lefebvre, gentilhomme d’Angers, anobli par Louis XIV, et qui s’établit à Québec en 1667. Au XIXe siècle, certains membres de la famille Angers habitent Charlevoix, dont Élie Angers, forgeron de La Malbaie, père de Laure Conan (Félicité Angers), célèbre écrivaine québécoise et auteure notamment du roman L’oublié. Le forgeron Élie Angers est aussi le père de Charles Angers, avocat et député libéral de Charlevoix au fédéral de 1896 à 1904. François-Albert Angers n’est pas parent directement avec Laure Conan, mais il n’est pas inconvenant d’évoquer qu’il portait le même patronyme que cette famille malbéenne d’où sont issus de remarquables intellectuels devenus des notables de la région de Charlevoix.
 
François-Albert Angers était aussi Malbéen et Charlevoisien. Son père s’établit à La Malbaie autour de 1920 et il y pratique la médecine. Étudiant, François-Albert Angers revient durant l’été à La Malbaie et il travaille même à la pharmacie que son père possède dans cette localité. La famille de François-Albert Angers est donc établie dans Charlevoix et celui qui devient un grand économiste québécois fréquente ainsi cette région tout au long de sa vie. 
 
Après ses études en Europe, au tournant des années 1940, François-Albert Angers travaille à réaliser un impressionnant inventaire des ressources naturelles et industrielles de Charlevoix paru en 1942. D’approche monographique, cet inventaire contient des descriptions fouillées mais plus encore une vision : celle de créer en Charlevoix une base économique plus solide en tenant compte des forces locales qu’étaient alors la forêt, l’agriculture, le cabotage. François-Albert Angers s’intéresse aussi dans son inventaire à la relance de l’industrie touristique alors un peu en désuétude et dont il est en quelque sorte un des premiers à imaginer le développement important que le tourisme pourrait connaître dans Charlevoix. Il écrit même : « Les deux grandes ressources du comté de Charlevoix sont le bois et le tourisme », ce qui se vérifie sans problème dans la suite de l’histoire de Charlevoix.
 
L’intérêt de François-Albert Angers pour l’économie de Charlevoix ne s’arrête pas à ce premier rapport. En 1964, il participe à une réflexion économique demandée par la Chambre de commerce de Charlevoix-Est sur les relations de Charlevoix avec la Côte-Nord. Dans le journal régional Le Confident, il publie une analyse visionnaire lorsqu’il fait référence, par exemple, à l’éternel projet de construire un pont reliant les deux rives du Saguenay : « Le coût d’un tel pont, avec ses approches, étant nécessairement de l’ordre des centaines de millions [de dollars], l’évidence s’est imposé qu’il n’y avait guère d’utilité pratique à essayer de démontrer la valeur économique d’une telle entreprise publique. » Un message qui nous concerne toujours. Souvent les penseurs universitaires parlent aussi pour l’avenir ; il s’agit en quelque sorte de prendre date...
 
François-Albert Angers était aussi un résident estival, pour ne pas dire un villégiateur en Charlevoix. Il possédait une résidence secondaire sur les rives du lac Nairne à Saint-Aimé-des-Lacs. Modeste, le célèbre économiste se mêlait à la population locale dont il appréciait le contact. Amoureux de l’arrière-pays charlevoisien, il rédige même dans la Revue d’histoire de l’Amérique française un relevé d’une monographie historique portant sur la paroisse de Notre-Dame-des-Monts écrite par une historienne du lieu. François-Albert Angers a même été pendant quelque temps membre de la Société d’histoire de Charlevoix.
 
L’œuvre de François-Albert Angers a marqué l’évolution du Québec contemporain. Plus discrètement, ce grand penseur a aussi influencé celle de son Charlevoix d’adoption. Pour toujours désormais, il reposera en terre charlevoisienne. un témoignage inaltérable de son amour pour cette région du Québec. 
 
 
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