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L’abbé Ambroise-Martial Fafard
Thème : Société et institutions

Un curé entrepreneur. L’abbé Ambroise-Martial Fafard (1840-1899)

Christian Harvey, Historien, Société d’histoire de Charlevoix, La Malbaie, 19 juillet 2002.


Baie-Saint-Paul est aujourd’hui une destination reconnue tant par les artistes que les touristes. L’art et la culture occupent ainsi une grande place dans la vie de cette municipalité. Toutefois, un personnage a, à la fin du 19e siècle, grandement modifié le visage de ce petit village agricole en transformant Baie-Saint-Paul en un centre institutionnel important et moderne : l’abbé Ambroise-Martial Fafard. En effet, l’abbé Fafard fonde l’Hospice Sainte-Anne qui devient rapidement un centre pour les déficients mentaux et il voit également à la fondation d’une communauté religieuse dont la maison-mère est située à Baie-Saint-Paul. Curé entrepreneur, Fafard entreprend également d’alimenter en électricité Baie-Saint-Paul, d’installer le téléphone, de faire construire des trottoirs, de rénover le presbytère… Des projets qui ont et continuent de façonner la vie de cette localité de Charlevoix. 
 
Ambroise-Martial Fafard naît le 24 novembre 1840 à Notre-Dame de l’Islet d’une famille de marchands. Ordonné prêtre en 1865, il devient vicaire de la paroisse de Saint-Roch à Québec. Homme d’action, il est le premier curé de Saint-Athanase d’Inverness, tout en desservant la mission de Saint-Jacques de Leeds et des autres missions avoisinantes. Fatigué et sans doute déjà fragile sur le plan cardiaque, il se rend en repos de septembre 1871 à mai 1872. D’octobre 1872 à septembre 1880, il est nommé curé de la paroisse de Saint-Urbain dans Charlevoix. Les finances du jeune diocèse de Chicoutimi, formé en 1878, posent alors problèmes. Ainsi, le curé Fafard, bon gestionnaire, est nommé curé d’office à la cathédrale de Chicoutimi. En plus de cette charge importante, Ambroise Fafard devient le Supérieur du Grand Séminaire de Chicoutimi. Grâce à son inlassable travail, les finances de la cathédrale s’améliorent. Riche de cette réussite et de son poste au Grand Séminaire, peut-être l’abbé Fafard peut devenir évêque? Pourtant, il en est autrement. Ambroise Fafard est alors nommé à la Baie-Saint-Paul. 
 
Fafard arrive dans la paroisse de Saint-Pierre et Saint-Paul de la Baie-Saint-Paul le 4 octobre 1889. Fafard se charge alors de donner du lustre à « son petit diocèse ». Il s’agit de l’une des plus importantes paroisses à cette époque du diocèse de Chicoutimi dont la région de Charlevoix est partie prenante. Toutefois, une certaine pauvreté est observable : des mendiants se retrouvent dans les rues, des personnes âgées sont laissées à elles-mêmes. Ainsi, seulement vingt-quatre jours après son arrivée à Baie-Saint-Paul, l’abbé Fafard achète la maison d’Édouard Boily afin d’y ériger un hospice qui prend alors le nom de Sainte-Anne. Dans un premier temps, l’hospice se charge d’accueillir des personnes âgées. Toutefois, il faut rapidement trouver le financement nécessaire pour cette institution. 
 
Le gouvernement québécois offre à cette époque 50 $ par tête par année afin de loger des « idiots ». Le 5 mai 1891, Fafard signe un contrat pour la garde de cinquante aliénés à Baie-Saint-Paul. Le financement pour l’hospice Sainte-Anne est ainsi trouvé. Toutefois, rapidement, les quelques bénévoles en charge de l’établissement ne suffisent plus à la tâche. C’est alors du côté des communautés religieuses que l’abbé Fafard se tourne pour l’administration de l’hospice Sainte-Anne appelé à devenir une institution importante. 
 
Adelstan de Martigny, chargé de la supervision des asiles d’aliénés au Québec, parle à Ambroise Fafard d’une petite communauté religieuse située à Worcester, au Massachusetts, aux États-Unis. N’obtenant pas sa reconnaissance de la part de l’évêque de l’endroit, les Oblates de Saint-François d’Assise vaquent à la gestion d’un hospice pour les personnes âgées. Ambroise Fafard prend alors contact avec celles-ci. Le 13 novembre 1891, les quatre premières religieuses arrivent à la Baie-Saint-Paul afin d’administrer l’hospice Sainte-Anne. L’abbé Fafard obtient la reconnaissance de la communauté le 18 février 1892. Elle a alors pris le nom des Petites Franciscaines de Marie. Elles se chargeront, longtemps après la mort de Fafard, de la gestion de l’hospice Sainte-Anne. Fafard est donc le fondateur de cette communauté dont la maison-mère, donc la construction est terminée en 1904, est située à la Baie-Saint-Paul. 
 
Ambroise-Martial Fafard est également un homme moderne aspirant au développement de sa paroisse. N’ayant pas été évêque, il espère malgré tout transformer sa paroisse en une municipalité moderne. En 1891, il fait agrandir le presbytère par l’ajout de deux ailes latérales donnant au bâtiment une allure grandiose. Il fait également construire un service d’aqueduc, un barrage électrique produisant de l’électricité et fait installer une ligne téléphonique pour l’Hospice Sainte-Anne et sa localité. Le village de Baie-Saint-Paul devient également une municipalité indépendante de la paroisse en 1891, des trottoirs sont érigés afin de faciliter la circulation des piétons. Le 12 août 1899, l’abbé Ambroise Fafard décède au presbytère de Baie-Saint-Paul après une vie fort bien remplie. 
 
Curé entrepreneur, l’abbé Ambroise-Martial Fafard est sans conteste le personnage ayant le plus favorisé le développement de la paroisse de Saint-Pierre et Saint-Paul de la Baie-Saint-Paul. L’Hospice Sainte-Anne, devenu le Centre Hospitalier de Charlevoix, et les Petites Franciscaines de Marie sont aujourd’hui les principaux employeurs de Charlevoix Ouest. Il a de plus favorisé la modernisation du village de Baie-Saint-Paul et ainsi permis de maintenir son statut de service et institutionnel. 
 
 
Bibliographie :

Michelle Garceau. Par ce signe tu vivras. (4e Édition). Histoire de la Congrégation des Petites Franciscaines de Marie, Baie-Saint-Paul, 1989, (réédition du centenaire). 539 p. 
Serge Gauthier. « Les origines de l’Hospice Sainte-Anne de Baie-Saint-Paul (1889-1900) », Revue d’histoire de Charlevoix, 8, mai 1989, p. 14-19. 
Margaret Porter. Mille en moins! Histoire du Centre Hospitalier de Charlevoix. Petites Franciscaines de Marie, Baie-Saint-Paul, 1984. 263 p. 
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