Thème :
Société et institutions
L’église de Saint Louis de l’île aux Coudres
Serge Gauthier. Historien et ethnologue. Président de la Société d’histoire de Charlevoix. Notre-Dame-des-monts, 27 septembre 2002
L’église de Saint Louis de l’île aux Coudres est un joyau patrimonial qui recèle de nombreuses œuvres d’art. Ainsi, entre ses deux clochers se dresse une statue du patron de la paroisse (Saint Louis) réalisée par le sculpteur canadien Louis Jobin. À l’intérieur de l’église se retrouve aussi un tableau de saint Louis réalisé par l’abbé Jean-Antoine Aide-Créquy en 1777, alors que ce prêtre doté d’un remarquable talent d’artiste était desservant dans la paroisse. Une œuvre du peintre Jean-Paul Lemieux, un résident de l’île aux Coudres durant de nombreuses années, se retrouve aussi proche du chœur de l’église.
L’église de Saint Louis est plus que centenaire. Elle a été construite en 1885 d’après les plans de l’architecte David Ouellet. Ses deux clochers donnent beaucoup d’élan à cette église. La paroisse est érigée sur le plan canonique le 18 avril 1827. Deux chapelles ont d’abord desservi la population: la première existe de 1748 à 1770 et la seconde sert de lieu de culte de 1771 à 1885.
Il semble que lors de sa construction les paroissiens de Saint Louis de l’île aux Coudres souhaitent que leur église soit une réplique de celle de Sainte-Anne-de-Beaupré. Il est difficile de comparer aujourd’hui puisque cette église de Sainte-Anne-de-Beaupré est incendiée en 1924. La sacristie de l’église de Saint-Louis pourrait provenir de l’église précédente. Il n’est pas impossible non plus qu’elle soit construite en même temps que l’église actuelle et annexée par la suite au temple religieux. Il n’y a pas d’unanimité à ce sujet.
L’intérieur de l’église de Saint-Louis est fastueux. La voûte est ornée d’une série de peintures d’un mélange de teinte bleutée avec imprégnation de feuilles d’or. Des tableaux présents dans les jubés montrent les deux chapelles précédentes. Un magnifique maître-autel se révèle dans le chœur. Il adopte les formes d’un temple antique et des colonnettes supportent des entablements qui soutiennent à leur tour un arc surmonté d’une coupole. Des peintures du peintre Paul-Gaston Masselotte ornent les murs de l’église. Il faut signaler la grâce et la richesse du motif décorant le jubé et la chaire qui constitue une véritable œuvre d’art sculptée. L’église possède un vieil orgue Casavant qui fonctionnait autrefois au moyen d’une soufflerie manuelle. Les anciens racontent que chaque dimanche l’organiste devait choisir une personne dans l’assistance afin de mettre l’instrument en marche. Située juste au bord du fleuve, l’église de Saint-Louis de l’île aux Coudres témoigne bien du milieu maritime où elle s’inscrit. Site touristique, ouverte au grand public durant la saison estivale, l’église de Saint-Louis possède un attrait remarquable.
L’église voisine de Saint-Bernard est bien moins imposante. Elle a été construite en 1929. Le curé-fondateur de Saint-Bernard de l’île aux Coudres, l’abbé Horace Cimon, demeure dans cette paroisse durant plus de quarante ans. Cette église possède une architecture presque sans attrait où se trouvent pourtant deux tableaux du peintre Paul-Gaston Masselotte qui illustrent le passage de Jacques Cartier à l’île aux Coudres en septembre 1535. Le navigateur français fait alors entrer l’île dans l’histoire en la nommant « Isle ès Couldres » vu l’abondance de noisetiers en ce lieu insulaire. Ces noisetiers sont aujourd’hui très rares sur l’île aux Coudres.
Jacques Cartier a aussi lors de son passage à l’île aux coudres « oui la messe ». Il s’agit d’une des premières messes de rite catholique à avoir été célébrée en Amérique du Nord. Les gens de l’île rappellent ce fait et l’église de Saint-Louis et de Saint-Bernard font désormais partie de leur patrimoine religieux. Les insulaires savent aussi les garder constamment accueillantes pour les visiteurs et touristes de passage à l’île aux Coudres.
Bibliographie :
Gagnon, Patrice (sous la direction de Serge Gauthier). Les églises de Charlevoix: un patrimoine à découvrir. Pointe-au-Pic, CRP de Charlevoix, 198, p. 21-25.