Thème :
Société et institutions
Les Frères Maristes dans Charlevoix
Christian Harvey. Historien. Société d’histoire de Charlevoix. La Malbaie, 25 septembre 2002
L’éducation des jeunes filles est au 19e siècle solidement implantée dans Charlevoix. En effet, les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame à Baie-Saint-Paul en 1848 et les Sœurs de la Charité de Québec à La Malbaie ouvrent tour à tour un couvent. Les garçons n’ont alors d’autre option que de se rendre à l’école du rang ou du village. Au début du 20e siècle, deux collèges administrés par les Frères Maristes s’installent à Baie-Saint-Paul et La Malbaie se chargeant de l’éducation des jeunes garçons, une étape pour certains vers les collèges classiques.
Les Frères Maristes font leur arrivée à La Malbaie en août 1901 à la demande de l’abbé Leclerc et de la commission scolaire de la localité. L’école pour garçon débute ses activités en septembre dans une vieille résidence sous la direction de trois Maristes. Toutefois, dès 1914, les Frères Maristes sont chassés de La Malbaie par la commission scolaire. La communauté fait, à la suite de demandes répétées, un retour à La Malbaie en août 1925. Un nouvel édifice accueille en septembre les quelques 200 garçons inscrits. Les Frères Maristes s’installent à leur tour à Baie-Saint-Paul en 1904 grâce au travail du curé Dumas et du Frère Cesidius. La présence de cette communauté ne génère pas la même tension dans cette localité. Notons qu’à partir de 1948 le Frère Laurent Veilleux, un Mariste, forme des générations de musiciens à Baie-Saint-Paul. La Fanfare de Baie-Saint-Paul obtient sous sa direction une reconnaissance nationale.
Les Frères Mariste enseignent le cours « primaire inférieur » comprenant 6 ou 7 années d’étude. Il s’agit d’un enseignement souvent meilleur que celui donné dans les écoles de rangs ou des écoles de paroisse. Les plus fortunés et doués peuvent se rendre après la sixième année au Petit Séminaire de Chicoutimi afin de devenir prêtre, à l’École Normale de Lévis afin de devenir enseignant ou au collèges classiques afin d’accéder aux facultés universitaires pour les professions libérales comme notaire, avocat et médecin. Il ne s’agit toutefois pas le cas de tous les jeunes garçons. Une partie importante doit quitter l’école de rang ou du village ou le collège dès la sixième année afin de venir aider aux travaux agricoles de la famille. Après la Seconde Guerre mondiale, les Frères Maristes, comme d’autres collèges du Québec, offrent désormais des cours jusqu’à la douzième année notamment avec les programmes des sections classique et scientifique du cours secondaire. Il est donc possible à des étudiants, sans passer par les cours classiques, d’accéder à un certain nombre de professions.
La transformation du système scolaire à la suite du Rapport Parent (1962-1966) vient substantiellement modifier le rôle éducatif des Frères Maristes notamment avec la création des polyvalentes. Le collège de La Malbaie devient ainsi dans les années 1970 l’école primaire de la localité. Le cours secondaire se déroule alors à la polyvalente du Plateau. Quelques Frères Maristes continuent d’enseigner au niveau secondaire ou à jouer un rôle actif dans le milieu communautaire. Toutefois, tant à Baie-Saint-Paul qu’à La Malbaie, les nouvelles vocations se font rares. Les Frères Maristes quittent ces deux localités dans les années 1980 et 1990 après avoir formés plusieurs générations de garçons.
Bibliographie :
Fonds Frères Maristes. Société d’histoire de Charlevoix.