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La municipalité de La Malbaie
Thème : Société et institutions

La municipalité de La Malbaie (1845-2002). Entre morcellement et fusion

Christian Harvey. Historien. Société d’histoire de Charlevoix. La Malbaie, 26 septembre 2002


Le fondateur de la ville de Québec, Samuel de Champlain, accoste en 1608 à La Malbaie. Il constate rapidement que le fond de cette baie est plutôt vaseux et qu’elle « s’assèche de basse mer ». Ainsi, il nomme ce secteur « rivière platte » ou « malle baye ». Champlain baptise ce lieu qui prend plus tard le nom d’une municipalité. De sa fondation en 1845 à aujourd’hui, la municipalité de La Malbaie a connu un processus de morcellement territorial puis de recomposition dans les années 1990. 
 
Le territoire de La Malbaie demeure longtemps un territoire inhabité. Concédé en seigneurie à Jean Bourdon en 1653, la seigneurie qui prend le nom de La Malbaie s’étend alors du Cap-aux-Oies, près des Éboulements, à la rivière Noire, dans l’actuelle localité de Saint-Siméon. Après des changements multiples de propriétaires, la seigneurie est rattachée finalement au Domaine du Roi en 1724 sans qu’un seul colon y soit établis. Les militaires écossais John Nairne et Malcolm Fraser obtiennent chacun en 1762 une partie de l’ancienne seigneurie de La Malbaie. La population du lieu s’accroît et les premières structures institutionnelles font leur apparition
 
Le 1er juillet 1845, Saint-Étienne de la Malbaie est érigée en municipalité. Elle comprend alors un vaste territoire de près de 17 900 hectares compris dans les deux seigneuries de Murray Bay et de Mount Murray. Le 1er juillet 1855, lors du passage de la Loi sur la création des municipalités, les secteurs de Saint-Irénée, de Sainte-Agnès et de Saint-Fidèle se séparent de la municipalité de La Malbaie. Cette première division territoriale s’explique notamment par le fait que chacun de ces secteurs était déjà érigé en paroisse, comptait une population stable et était géographiquement éloigné du village de La Malbaie. En 1869, une partie de Saint-Fidèle est à son tour intégrée à la nouvelle municipalité de Saint-Siméon. 
 
Le processus de morcellement du territoire de La Malbaie se poursuit en 1876. Pointe-au-Pic devient alors une municipalité. Une volonté de maintenir l’indépendance des très nombreux villégiateurs du secteur vis-à-vis la population locale pourrait expliquer cette division. Le 18 mars 1896, ce qui reste de la municipalité de La Malbaie est divisé en deux sections distinctes : le village, comprenant le noyau institutionnel et villageois de La Malbaie, et la paroisse, unissant les secteurs de Clermont, de Rivière-Malbaie, de Cap-à-l’Aigle et de Rivière-Mailloux. Cette diversité sur le plan socioéconomique, s’accentuant davantage, avec le temps ne pouvait que générer des rivalités à long terme. 
 
Le 3 août 1916, le secteur agricole relativement prospère de Cap-à-l’Aigle se sépare de La Malbaie paroisse. Le 16 février 1935, le petit hameau ouvrier de Clermont, grâce au curé Félix-Antoine Savard notamment, est à son tour érigé en municipalité. La localité avec l’usine de pâtes et papiers Donohue se singularise alors par une culture ouvrière bien différente des autres secteurs plus agricoles. La Malbaie paroisse ne comprend plus alors que les secteurs de Rivière-Mailloux, un ensemble surnommé « Route de Sable » par la population locale en raison de son faible potentiel agricole, et de Rivière-Malbaie. Ce dernier secteur, agricole et relativement prospère, n’hésite pas à se séparer le 19 novembre 1938 et à devenir une municipalité autonome sous le nom de Rivière-Malbaie. Le 23 janvier 1958, La Malbaie village devient la ville de La Malbaie. Rivière-Mailloux demeurera pour sa part une municipalité distincte jusqu’en 1964, moment où elle est rattachée à la ville de La Malbaie à la suite d’un référendum dont le résultat est fort serré.
 
Dans les années 1990, un processus inverse s’amorce menant à une recomposition du territoire initial de La Malbaie. L’État québécois préconise la fusion de localités afin de diminuer les coûts d’opération de celles-ci. Le 1er février 1999, les municipalités de Saint-Fidèle, de Rivière-Malbaie, de Cap-à-l’Aigle et de Sainte-Agnès se joignent à la nouvelle municipalité qui regroupe 9 454 habitants en 2000. Les municipalités de Saint-Irénée, de Clermont, de Saint-Aimé-des-Lacs et de Saint-Siméon pourraient rejoindre dans les prochaines années la municipalité de La Malbaie. 


Bibliographie :

Serge Gauthier, « La Malbaie : son histoire, ses quartiers », Revue d’histoire de Charlevoix, 34, août 2000, p. 2-5. 
Serge Gauthier et Christian Harvey. « La Malbaie la mal-aimée? », Continuité, 87, hiver 2000-2001, p. 27-29. 
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