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Archéologie et préhistoire amérindienne
Thème : Société et institutions

Archéologie et préhistoire amérindienne

Jean-Charles Fortin, INRS-Urbanisation, Culture et Société. 25 septembre 2003


Selon les archéologues, la présence amérindienne sur le territoire du Québec actuel remonte à environ 11 000 années. Pour le nord et l’est du Québec, la région à laquelle appartient le Bas-Saint-Laurent, la préhistoire amérindienne peut être divisée en trois grandes périodes archéologiques. On fait d’abord mention de l’époque paléoindienne, qui s’étend jusqu’à 7 000 ans avant aujourd’hui, puis de la période archaïque, de 7 000 à 2 000 ans, enfin du sylvicole, de 2 000 à 500 ans avant aujourd’hui. Ce découpage temporel a été établi par les archéologues pour mettre en relief des changements culturels survenus dans l’évolution des populations amérindiennes. Nous pouvons, grâce à des découvertes récentes, retracer la présence au Bas-Saint-Laurent de groupes amérindiens au cours de ces trois grandes périodes.
 
Des recherches menées depuis les années 1970 ont permis de découvrir trois sites appartenant au paléoindien récent dans la région, au Bic et à Rimouski. Il s’agit de campements temporaires dans lesquels ont été recueillis quelques outils en pierre et des éclats de taille. On a pu les dater grâce à leur altitude, à plus de 80 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer, sur les plages existantes il y a 8 000 ou 9 000 ans, quand la mer couvrait une large partie du rivage actuel. Cette occupation humaine vieille de plus de 8 000 ans ferait des sites du Bic et de Rimouski les plus anciens du Québec. Il subsiste peu d’indices précis du mode de vie de ces Paléoindiens. Il semble qu’ils se nourrissaient des produits de la chasse, de la pêche et de cueillette.
 
Les archéologues ont découvert de nombreux sites de la période archaïque. Contrairement à la forme d’occupation précédente, les ressources de l’environnement sont exploitées de façon plus systématique. Des groupes multifamiliaux ou des bandes se déplacent à l’intérieur des terres, le long des rivières comme la Touladi. D’autres sites d’occupation ont été découverts sur la côte, dans la région du Bic. Le plus vieux date de 4 000 ans. Les vestiges qu’ils contiennent permettent d’établir le cycle annuel de la survie. Les Amérindiens de la période archaïque fréquentent à la fois les rives de l’estuaire et l’intérieur des terres. En mai et juin, ils exploitent la mer, puis ils regagnent les terres pour y pêcher les poissons d’eau douce et chasser le petit gibier. À l’hiver, les groupes se scindent pour chasser l’orignal dont les déplacements sont entravés par la couche de neige. Après la débâcle, les Amérindiens regagnent la côte, ce qui boucle le cycle annuel d’exploitation.
 
La période dite du sylvicole commence donc il y a de cela 2 000 ans. Contrairement aux régions plus à l’ouest, comme dans la plaine de Montréal, où les groupes amérindiens se sédentarisent en s’adonnant à la culture du sol, il y a peu de changement entre les périodes archaïque et sylvicole, si ce n’est l’introduction de la céramique au Bas-Saint-Laurent. L’horticulture ne semble pas s’être développée chez les groupes nomades de chasseurs-cueilleurs. Les principaux sites du sylvicole moyen ont été mis à jour dans le parc du Bic, dans le secteur du cap à l’Orignal. Quelques sites de la période préhistorique la plus récente, celle du sylvicole supérieur, ont été repérés, la plupart en bordure du fleuve, notamment à l’île Verte et à l’île aux Basques. Les tessons de poterie que l’on y a retracés semblent indiquer que l’on aurait affaire à des groupes algonquiens et iroquoiens.
 
À la veille du contact avec les premiers explorateurs européens, le Bas-Saint-Laurent est donc fréquenté par plus d’un groupe d’Amérindiens, et ce depuis fort longtemps. De l’époque paléoindienne jusqu’à celle du sylvicole, le type de fréquentation demeure assez semblable. Jamais les Amérindiens ne paraissent y faire de séjour prolongé en groupes importants. Ils sillonnent les rives de l’estuaire et parfois l’intérieur de la région en quête de nourriture. On peut dès lors supposer que ces Amérindiens possédaient déjà une profonde connaissance de la géographie et de l’écologie de la région, bien avant que les colonisateurs d’origine européenne ne redécouvrent à nouveau l’arrière-pays bas-laurentien.


Bibliographie : 

Dumais, Pierre. Le Bic : image de neuf mille ans d’occupation amérindienne. Coll. « Dossiers » n° 64, Québec, ministère des affaires culturelles, 1988, x-112 p.
Fortin, Jean-Charles, Antonio Lechasseur et al. Histoire du Bas-Saint-Laurent. Québec, IQRC, 1993. 864 p.
 
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