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La faune terrestre et marine
Thème : Territoire et ressources

La faune terrestre et marine

Jean-Charles Fortin, INRS-Urbanisation, Culture et Société. 23 septembre 2003

 

La faune bas-laurentienne, comme celle du Québec dans son ensemble, est relativement pauvre en espèces. Il y a 10 000 ans, la région est encore affectée par les invasions glaciaires successives qui ont chassé des zones arctiques et boréales leur faune respective. Les espèces animales représentées dans la faune actuelle sont donc des envahisseurs récents qui se sont installés graduellement dans les forêts qui ont peuplé le territoire libéré des glaces. Cette faible diversité de la faune nordique sur terre est compensée par la riche faune marine de l’estuaire du Saint-Laurent où l’on rencontre mammifères marins et poissons, crustacés et mollusques.
 
Le retour de la faune qui accompagne la déglaciation se produit d’abord au fond de la mer de Goldthwait très tôt peuplée de divers mollusques comme la moule, la mye et le pétoncle. Ses eaux sont déjà fréquentées par quelques espèces de baleines, et narvals, morses et phoques s’ajoutent à la liste des mammifères marins dont plusieurs vestiges ont parfois été exhumés à des altitudes élevées à l’intérieur des terres. Parmi les nombreuses espèces de poissons qui viennent également coloniser la mer glaciaire, certaines, comme la truite grise ou la morue atlantique, sont toujours présentes dans nos lacs et rivières. Sur la terre ferme, le retour des espèces animales est encore plus progressif car il suit l’envahissement végétal. Les mammifères chassés par les glaciations vers le territoire actuel des États-Unis regagnent le nord à l’abri du nouveau couvert forestier.
 
Les forêts bas-laurentiennes abritent, dans la catégorie du gros gibier, l’orignal, le cerf de Virginie et l’ours noir. L’orignal est présent sur presque tout le territoire, à l’exception des basses terres en culture le long de l’estuaire. Dans les forêts de la MRC de Matane, il atteint une densité exceptionnelle. Le cerf de Virginie, dont l’habitat est constamment menacé par les coupes à blanc, doit même être nourri par l’homme lors des hivers rigoureux, quand la trop épaisse couche de neige réduit ses déplacements. La gélinotte huppée, le tétras des savanes et le lièvre d’Amérique composent la faune « petit gibier » de la région. Ils sont, comme le chevreuil, menacés par le coyote, un nouveau venu dans la région. Le coyote s’est donc ajouté au rat musqué, au castor au renard roux parmi les espèces qui font l’objet d’activités de « trappage » .
 
Les rives de l’estuaire accueillent une nombreuse population de sauvagine, dont trois espèces d’oies. La bernache du Canada, l’oie blanche et la bernache cravant font escale dans leur périple nord-sud dans les marais salés entre La Pocatière et Pointe-au-Père. Parmi les canards de surface, on rencontre le canard noir, le canard pilet, les sarcelles à ailes vertes et à ailes bleues. Le garrot commun et le morillon à collier, principaux canards plongeurs, se reproduisent en petit nombre sur les plans d’eau intérieurs. Parmi les canards de mer présents de façon saisonnière dans la région, seul l’Eider commun s’y reproduit, surtout sur l’île Bicquette. Les observatoires du parc du Bic constituent par ailleurs des lieux privilégiés pour l’identification des oiseaux rapaces du Québec. En somme, les divers habitats terrestres, lacustres et maritimes du Bas-Saint-Laurent favorisent la présence de plus de 200 espèces d’oiseaux dont plus de la moitié s’y reproduisent.
 
Pour les nations amérindiennes qui ont exploité le territoire pendant des milliers d’années, les poissons des lacs et des rivières ont constitué un nécessaire apport alimentaire. De nos jours, on distingue le plus souvent les espèces qui ont un intérêt récréatif et commercial des autres. Dans cette première catégorie, on rencontre essentiellement les salmonidés suivants : omble de fontaine, touladi, lotte, perchaude et corégone. Le saumon de l’Atlantique regagne peu à peu des rivières de l’est du Bas-Saint-Laurent, la Mitis et la Rimouski. Les rivières Matane et Matapédia, par contre, mieux protégées, sont demeurées aux XIXe et XXe siècles, d’importantes rivières à saumon. En ce début de XXIe siècle, elles sont, comme les autres rivières à saumon de la façade atlantique, affectées par la forte diminution du retour depuis l’océan des saumons adultes.
 
Au cours des derniers siècles, ce sont toutefois les différentes espèces de mammifères, de poissons, de mollusques et de crustacés qui peuplent l’estuaire que les entrepreneurs venus d’Europe ont exploitées. Depuis les années 1580, chasseurs et pêcheurs se sont succédé sur le rivage bas-laurentien, les premiers attirés par l’huile des baleines, les derniers par la chair des crabes. En ce début de XXIe siècle cependant, la faune marine de l’estuaire est aussi touchée par les graves problèmes qui affectent la biomasse du golfe du Saint-Laurent et celle des côtes de l’Atlantique.
 
 
Bibliographie :

Bédard, Jean. « La faune du Québec », Les cahiers de zoologie, vol. 35, n° 1, 1975, p. 4-14.
Schéma d’aménagement régional : profil du secteur faune : région 01. Rimouski, Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la pêche, Service de l’aménagement de la faune, District Bas-Saint-Laurent–Gaspésie, 1977, p. 16-29.
 
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