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Zone du plateau et héritage glaciaire
Thème : Territoire et ressources

La zone du plateau et l’héritage glaciaire

Jean-Charles Fortin, INRS-Urbanisation, Culture et Société. 21 mars 2003

 
La plus grande partie du territoire bas-laurentien est formée par le plateau des Appalaches. Pendant longtemps, la majeure part de l’espace régional a été considérée par les colons d’origine européenne comme un territoire sauvage et de peu de valeur, inapte à recevoir une population sédentaire significative. Si les deux importantes vallées qui le traversent, celles de la Matapédia et du Témiscouata, ont rapidement été connues comme lieu de passage, la rudesse des conditions d’existence et la faible valeur agricole des hautes terres en a longtemps retardé la mise en valeur. Dans les années 1840 encore, des équipes d’explorateurs et d’arpenteurs sont occupées à réaliser les premiers relevés topographiques au sud du comté de Matane, une terre jusqu’alors inconnue.
 
Le plateau des Appalaches s’étire sur plus de 3 500 kilomètres, depuis l’Alabama au sud-ouest jusqu’à Terre-Neuve au nord-est. Au Québec, il occupe tout le territoire au sud-est des basses terres du Saint-Laurent. Caractérisée par des sommets plats et tubulaires, la plate-forme appalachienne s’apparente à un relief de collines qui s’étire en longueur (les monts Notre-Dame). En aval de Québec, les monts Notre-Dame présentent d’importantes modulations, des collines qui atteignent 600 ou 700 mètres. Parfois de petits massifs montagneux viennent rompre l’uniformité de cette plate-forme inclinée, comme le mont La Rédemption dans La Matapédia, qui culmine à 970 mètres. Des vallées perpendiculaires perforent la linéarité du plateau et drainent vers le fleuve, ou vers la baie des Chaleurs et la rivière Saint-Jean, les eaux du haut-pays.
 
Vers le nord-est à l’endroit où le Bas-Saint-Laurent rejoint la Gaspésie, la plate-forme appalachienne sert de piédestal au massif des Chic-Chocs qui la domine. Les sommets plats, tubulaires, sont remarquables par leurs flancs abrupts. Leurs altitudes sont de beaucoup supérieures à l’ensemble du plateau (1 500 mètres). Ils comptent d’ailleurs parmi les plus hauts sommets du Québec. Le chaînon montagneux des Chic-Chocs constitue de loin le paysage naturel le plus spectaculaire du Québec méridional. En direction opposée, vers la Côte-du-Sud, l’effet de plissement s’atténue et le plateau devient de moins en moins ondulé alors qu’il s’éloigne peu à peu du littoral. Le plateau est interrompu par les importantes dépressions du Témiscouata et de la Matapédia où l’altitude descend parfois sous les 200 mètres. Ces vallées constituent de véritables voies de passage utilisées depuis des milliers d’années par les bandes amérindiennes d’Amérique du Nord.
 
Au cours de l’ère quaternaire, la période géologique la plus récente, le continent nord-américain est marqué par des cycles de glaciation et de déglaciation, chacun laissant son empreinte sur le territoire. La dernière grande glaciation, dite du « wisconsinien », a elle aussi apporté de légères retouches au paysage bas-laurentien; elle s’est produite entre 75 000 et 10 000 ans avant aujourd’hui. Au cours de la glaciation, le territoire a été déprimé sous le poids des milliers de mètres de glace qui le recouvrait, de telle sorte que l’écorce terrestre s’est affaissée de quelques centaines de mètres. Il y a environ 18 000 ans commence la dernière déglaciation. Elle s’étend sur plusieurs milliers d’années puisque le territoire québécois ne sera débarrassé des restes de la calotte glaciaire que vers 5 000 ans avant aujourd’hui. Le réchauffement provoque l’ouverture d’un bras de mer qui sépare la calotte du Bas-Saint-Laurent de celle de la Côte-Nord.
 
On peut retracer de nombreux témoignages de cette activité glaciaire sur le plateau bas-laurentien. Ainsi, l’érosion glaciaire a été d’une telle ampleur qu’elle a provoqué des « surcreusements » parfois spectaculaires. Les lacs Matapédia et Pohénégamook sont des exemples typiques de ce phénomène. D’ailleurs, la plupart des lacs de la région du plateau occupent ces cuvettes de surcreusement glaciaires, et même le réseau hydrographique, quoique défini bien avant l’ère glaciaire, a subi certaines retouches au cours des glaciations. Mais ce sont les dépôts glaciaires trop rocailleux hérités de cette époque qui vont laisser aux défricheurs de la période historique ce sol si peu propice aux labours.
 
 
Bibliographie :

Fortin, Jean-Charles, Antonio Lechasseur et al. Histoire du Bas-Saint-Laurent. Québec, IQRC, 1993. 864 p.
Hétu, Bernard, « Le Quaternaire du Bas-Saint-Laurent » L’Est du Québec : études géographiques. Rimouski, Université du Québec à Rimouski, Module de géographie, 1990, p. 21-35.
 
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