Thème :
Territoire et ressources
La structure géologique et le relief de la région
Jean-Charles Fortin, INRS-Urbanisation, Culture et Société. 25 septembre 2003
Le paysage qui s’offre à nos yeux et à celui de nos contemporains est le résultat des lentes transformations qui affectent l’écorce terrestre. C’est au cours d’une évolution vieille de plusieurs centaines d’années que l’assiette rocheuse de la vallée du Saint-Laurent prend la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. L’héritage géographique régional, c’est-à-dire la structure géologique du territoire et la topographie actuelle, est le résultat d’une évolution de près de 600 millions d’années. Ce long processus s’est déroulé en trois phases principales : d’abord la mise en place des matériaux, puis l’apparition de plissements et de chaînes de montagnes, et enfin l’érosion qui conduit au nivellement des montagnes et à la définition du relief actuel.
La géologie du Bas-Saint-Laurent présente dans l’ensemble des formations sédimentaires et métamorphiques plissées qui datent du paléozoïque, c’est-à-dire qu’elles ont été mises en place à l’ère primaire qui dure de 570 à 230 millions d’années. Plus précisément, elles appartiennent à trois périodes de l’ère paléozoïque : l’ordovicien (vieux de 500 à 435 millions d’années), le silurien (entre 435 et 395 millions d’années) et le dévonien (395 à 345 millions d’années). Cette datation est rendue possible grâce à l’étude des fossiles trouvés dans la région. Seule une petite partie des monts Chic-Chocs, qui pénètre dans le Bas-Saint-Laurent derrière Matane, est réputée appartenir à une période géologique antérieure, c’est-à-dire au précambrien.
On rencontre dans la région trois formations d’âge ordovicien : le « Groupe de Québec », le « Groupe de Kamouraska » et le « Groupe de Matapédia. » Le premier est, en superficie, l’une des plus importante formation géologique de la rive sud du Saint-Laurent. Composé de schistes, il couvre donc une partie importante de la région. Cependant, il ne pénètre jamais à plus de 40 kilomètres à l’intérieur des terres. Les formations siluriennes occupent un espace relativement réduit au cœur du Bas-Saint-Laurent. D’un âge variant entre 435 et 395 millions d’années, les formations de « Cabano », de « Val-Brillant », de « Sayabec » et de « Saint-Léon » se rencontrent à proximité des villages du même nom. Les formations d’âge dévonien, enfin, sont concentrées au sud du territoire. Elles s’agrandissent vers la Gaspésie, à tel point qu’elles représentent la principale ère géologique de la région.
Depuis sa mise en place, la roche mère de la région a été l’objet de tassements, de frottements et de plissements sous l’effet des forces orogéniques, c’est-à-dire des mouvements de l’écorce terrestre. Ces forces se sont exercées en provenance du sud-est et se sont faites en deux phases, il y a environ 435 millions d’années, puis 100 millions d’années plus tard. Les plis créés par ces mouvements sont plus accentués en direction nord-ouest. Ces fissures parallèles à l’estuaire constituent la démarcation des terrasses riveraines et du plateau appalachien. Au plan physiographique, le relief de la région comporte donc deux éléments principaux : les plates-formes des Appalaches et les basses terres, ces deux types de relief étant reliés par une zone intermédiaire de contreforts. En fait, le plateau appalachien recouvre la plus grande partie de l’espace régional alors que les terres riveraines occupent une étroite bande en bordure de l’estuaire.
Le relief bas-laurentien est donc, tout compte fait, le produit de longues évolutions qui se présentent schématiquement selon trois étapes successives. On assiste d’abord à une période de mise en place des matériaux où plis, failles et autres accidents structuraux apparaissent. Puis vient une phase d’érosion dont l’action a pour effet de donner naissance à la pénéplaine appalachienne. Enfin, on assiste au soulèvement et à l’incision de la pénéplaine et à l’apparition du fossé laurentien. Ces éléments structuraux connaîtront certains changements par la suite sous l’effet des glaciations des époques plus récentes. Mais, pour les géographes, elles n’apportent que des retouches à un relief modelé pendant des millions d’années.
Bibliographie :
Fortin, Jean-Charles, Antonio Lechasseur et al. Histoire du Bas-Saint-Laurent. Québec, IQRC, 1993. 864 p.
Hétu, Bernard. « La Gaspésie des géographes » dans Desjardins, Marc, Yves Frenette, Jules Bélanger et Bernard Hétu. Histoire de la Gaspésie. Québec, IQRC/PUL, 1999, p. 25-55.