Hôpital Notre-Dame de RecouvranceÉrigée en municipalité en 1916, Québec-Ouest (aujourd'hui le quartier Vanier) s’est principalement développée en extension au quartier Saint-Sauveur, lequel, au début du 20
e siècle, est lourdement marqué par l'industrialisation. Ainsi, dès sa création, Québec-Ouest attire principalement des familles ouvrières nombreuses, car l’espace et les terrains y sont plus vastes et moins dispendieux. Or, malgré son expansion rapide – et peut-être justement en raison de celle-ci – le secteur est dépourvu de services sociaux et médicaux indispensables à tout quartier urbain densément peuplé. Ainsi, en 1949, à la demande du curé de Québec-Ouest, l'abbé Alfred Côté, l’Hôpital Notre-Dame de Recouvrance voit le jour. Cette petite institution est vouée principalement à l'obstétrique en milieu ouvrier et modeste
1. Sa direction revient aux Sœurs du Bon-Pasteur, qui ont développé une expertise en la matière par l'entremise de l’Hôpital de la Miséricorde (voir figure 1).
En plus du service d’obstétrique, on retrouve à l'Hôpital Notre-Dame de Recouvrance un service de puériculture et un laboratoire moderne. Par ailleurs, l’hôpital peut compter sur les services de divers médecins spécialisés : spécialistes en gynécologie, pédiatres, anesthésistes, médecins généralistes
2. Sur un plan logistique, la capacité d’accueil de l’hôpital est assez modeste : à l’ouverture de la maternité, on y retrouve 19 lits. En 1961, le portrait n'aura guère évolué : 21 lits et 21 berceaux seront au service des personnes nécessiteuses. Il faut dire que les femmes qui passent par l'Hôpital Notre-Dame de Recouvrance y demeurent généralement peu longtemps, ce qui permet d'augmenter la capacité de roulement de l'établissement (voir figure 2).
Être prêtes…à toute heure !
« Accouchements à toute heure – À tout moment de la journée, il nous faut être prêtes à recevoir des patientes; les préparer, suivre la progression du travail, ce qui demande plusieurs visites à la chambre de la malade; avertir les médecins à temps et les prévenir d’abord ».
Archives des Sœurs du Bon-Pasteur. Hôpital N.D. de Recouvrance, « Programme régulier d’une journée », s.d.
En 1962, 13 ans après l’ouverture de l’hôpital, plus de 6 500 naissances y auront été enregistrées. Cette même année, dans le sillage de l'ouverture de l'Hôpital du Christ-Roi, qui se trouve à proximité, l'Hôpital Notre-Dame de Recouvrance est contraint de fermer ses portes. Le bâtiment est recyclé pour accueillir les religieuses du Bon-Pasteur en convalescence et devient la « Maison Notre-Dame-de-Recouvrance ». En 1974, la Maison Notre-Dame-de-Recouvrance est adaptée pour répondre aux besoins médicaux des membres de la Communauté (voir tableau 1).
Maison Zoé-Blais
La maison Zoé-Blais (du nom d'une des compagnes de Marie-Josephte Fitzbach) ouvre ses portes en 1984 en tant qu’annexe à la Maison Notre-Dame de Recouvrance. Il s'agit d'un centre de jour pour mères monoparentales ou à faible revenu. En plus d’offrir un service d’aide alimentaire et de vestiaire communautaire, la maison Zoé-Blais accueille depuis 1997 les femmes immigrantes, à qui elle propose un accompagnement dans le processus d’intégration sociale, que ce soit en matière de recherche d’emploi ou de soutien psychologique. Des ateliers de tissage, de tricot de bricolage ainsi que de cuisine et des cours de langue française y sont notamment offerts. Le but premier du centre est, en quelque sorte, d’offrir aux femmes un lieu permettant de mettre en valeur leurs talents afin de favoriser l’estime de soi et l’épanouissement personnel. L'œuvre de la Maison Zoé-Blais est soutenue par un impressionnant corps de bénévoles : elles sont plus d'une quarantaine quotidiennement à offrir leurs services. Elle repose, en outre, sur une équipe permanente composée de cinq personnes. Toujours en activité en 2015, la Maison Zoé-Blais est partie prenante des nouvelles voies d'action des Sœurs du Bon-Pasteur, à l'orée d'une nouvelle époque de leur histoire (voir figure 3).
Plusieurs activités, un seul but : l’entraide et l’intégration
« Afin de soutenir les femmes en difficulté, la Maison Zoé-Blais offre un service de comptoir alimentaire et de vestiaire. Pour y avoir droit, les bénéficiaires doivent s’inscrire et participer à une des activités gratuites de la maison (…) Étant inscrites et participant aux cours, les femmes peuvent profiter, chaque mercredi, du service d’aide alimentaire et du vestiaire. Accompagnées de bénévoles, elles choisissent fruits, légumes, denrées et vêtements. Des activités telles qu’une épluchette de blé d’Inde, des fêtes à l’occasion de l’Halloween, de Noël, de la Saint-Valentin et du Carnaval, une exposition d’artisanat, un dîner des bénévoles et une sortie à la cabane à sucre sont organisées ponctuellement dans l’année ».
Tiré d’une entrevue avec Sœurs Nicole Daigle et Raymonde Dumont
Archives des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec; Le Patrimoine immatériel religieux du Québec, « La Maison Zoé-Blais, une œuvre des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec » (En ligne) http://www.ipir.ulaval.ca/fiche.php?id=940
Centre La Clairière de Québec
Fondé en 1970 pour aider les mères en difficulté avant et après leur grossesse, le Centre La Clairière se situe dans la continuité de l'action sociale des Sœurs du Bon-Pasteur.
Le projet de création de La Clairière s'explique par le souhait de regrouper trois œuvres – la Maison Madame Roy, la Maison Métivier et le Centre Marie-Médiatrice – qui poursuivent un objectif similaire : l'accueil, l'épanouissement et la réinsertion sociale des mères célibataires. Peu après son ouverture, La Clairière compte sur un nouveau pavillon, le pavillon Germain. Les quatre constituantes du centre accueillent des clientèles différentes :
- Le Pavillon Angers Marie-Médiatrice (aussi appelé Pavillon Angers) s'adresse aux filles âgées entre 14 et 17 ans ;
- Le Pavillon Roy, aux adolescentes de 17 et 18 ans ;
- Le Pavillon Métivier, aux jeunes femmes de 19 à 21 ans ;
- Le Pavillon Germain, aux femmes de 22 ans et plus3.
L’action avant toute chose…
« (L)es foyers pour mères célibataires font preuve d’une compréhension humaine que bien des gens "évolués" auraient à méditer. Les foyers seraient-ils seulement, dans notre société, un signe que l’acceptation de l’autre, sans condition peut être une réalité, ils joueraient un rôle irremplaçable. Mais ils sont beaucoup plus. Ils sont l’expression vécue de la charité la plus authentique : celle qui agit d’abord et se pose des questions ensuite ».
Revue Notre-Dame, décembre 1974, p.12-13. ABPQ – 300-09E-17 « Coupures de presse ».
En 1985, plus de 33 000 femmes ont déjà bénéficié des services offerts par les composantes de La Clairière, qui sont par exemple une pouponnière et un foyer de transition, un comptoir d’échange de vêtements, d’articles pour bébés et de meubles. Le centre aide aussi les femmes à terminer leurs études, à trouver un emploi et à trouver un service de garde adapté à leurs besoins4. En 1985, c'est également sous l'égide de La Clairière qu'est créé le Carrefour Ubald-Villeneuve, un centre de jour dévolu à la réadaptation pour des personnes vivant des problèmes reliés à l’alcool, de médicaments ou aux drogues.
En 1986, le centre La Clairière est relocalisé dans le quartier Limoilou, sur le boulevard des Capucins. On lui demande alors d'adapter ses programmes aux besoins sociaux du quartier. C'est dans cette logique qu'il fusionne, en 1987, avec le Centre local de services communautaires (CLSC) de Limoilou. Tous les services sont alors centralisés au CLSC et le volet des mères en difficulté d’adaptation revient au Centre d’accueil L’Escale. Il faudra attendre quelques années pour que soit complétée la transition qui fait passer La Clairière dans le domaine public.
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1BAnQ, « Historique»,
Guide des archives hospitalières de la région de Québec 1639-1970 : Hôpital Notre-Dame-de-Recouvrance [1949-1962]. [en ligne]
http://www.banq.qc.ca/ressources_en_ligne/intruments_rech_archivistique/hopitaux/recouvrance.html 2ABPQ, 300-61. Fonds Hôpital Notre-Dame de Recouvrance.
Prospectus : Notes historiques.
3ABPQ, 300-09E-30. Fonds La Clairière de Québec.
Historique. Brochure « La Clairière de Québec ».
4ABPQ, 300-09E-01. Fonds La Clairière de Québec.
Anniversaire de la fondation, p. 22.