La prise en charge de cette maison n’est pas une simple tâche. Des constables particuliers sont engagés afin d'assurer la sécurité. Ils permettent de réduire les nombreuses fugues et autres actes violents observés dans ce difficile environnement de travail (voir figure 1).
À l'image de la plupart des autres œuvres dirigées par les Sœurs du Bon-Pasteur dans la période de l'après-guerre, la Maison Notre-Dame-de-la-Garde fait appel aux pratiques du travail social professionnel. D'ailleurs, afin de rapprocher le programme éducatif des intérêts et des besoins des jeunes filles, l'établissement cherche à développer l'enseignement ménager. Rien n’est épargné pour favoriser la réadaptation sociale et affective des jeunes filles. Ainsi, en 1973, on trouve à la Maison Notre-Dame-de-la-Garde, en plus d’un comité pédagogique et un comité du régime de vie, un comité sportif, un comité de projets, ainsi qu’une personne responsable du projet d’été, le Camp du Cygne-Noir, où les pensionnaires de la maison Notre-Dame-de-la-Garde et celles de la Maison Sainte-Madeleine se réunissent sous la forme d’un camp de vacances. Comme l’explique la directrice générale de l’établissement en 1973, la philosophie du centre de réadaptation n’est pas orientée a priori vers une logique pénale : « Nous cherchons (...) à rassembler tous les éléments nécessaires à la constitution d’un milieu rééducatif, car la jeune fille qui séjourne ici est appelée à vivre une expérience vraiment rééducative1 (voir figure 2) ».
La Maison Notre-Dame-de-la-Garde intègre le réseau des écoles de protection de la jeunesse en 1946. Dix ans après son ouverture, elle accueille 56 jeunes filles réparties en 4 unités de vie. Elle est alors financée entièrement par l'État. En 1975, plus de 1 100 adolescentes auront foulé les portes de la Maison Notre-Dame-de-la-Garde, sur ordre du Tribunal2 (voir figure 3).
En 1975, à la suite d’une réforme gouvernementale, la Maison Notre-Dame-de-la-Garde ferme ses portes. Une nouvelle institution voit le jour sur la base de la fusion des Maisons Marie-Fitzbach, Notre-Dame-de-la-Garde et Saint-Charles. Il s'agit de L’Escale, qui n’est plus géré par une autorité religieuse, même si des religieuses continuent d'y travailler un certain temps.
Dans l’air du temps !
Extrait d’une chanson en hommage aux vingt ans du centre jeunesse l’Escale
Notre Centre a vingt ans
Que le temps passe vite, mesdames
Hier encore il vivait d’eau bénite
Aujourd’hui les changements en ont marqué le rythme, mesdames
Et voilà qu’on se quitte
Un si bel héritage
Traversera les âges, mesdames
(…)
Mais jamais n’oublierons votre contribution
L’œuvre sans condition nous la continuerons
Vous avez su donner un sens à la mission, mesdames
Nous nous rappellerons
L’Escale et la Clairière
Tant de filles, tant de mères, mesdames
Vous avez accueillies à bras ouverts
Aujourd’hui elles vous disent en ce même concert, mesdames
Un merci très sincère
(…)
Archives des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec, « 20 ans de souvenirs…un trésor pour l’avenir…Des chants pour le dire…Centre Jeunesse l’Escale ». Produit par Les Centres Jeunesse de Québec, 1995.
Le Centre L'Escale est toujours en activité en 2015. Ce maillon du réseau de la direction de la protection de la jeunesse propose des unités d’habitation adaptées selon les besoins des groupes, comprenant une salle commune, une cuisine, une buanderie et des chambres individuelles. On y retrouve aussi un gymnase et une piscine intérieure. Plusieurs locaux sont destinés à accueillir des cours scolaires, des ateliers de groupes, des activités de couture et d’art culinaire, un peu comme on l'avait envisagé autrefois à la Maison Notre-Dame-de-la-Garde... (voir figure 4).