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Les écoles de village
Thème : Société et institutions

Les écoles de village au Saguenay–Lac-Saint-Jean

Laurie Goulet, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi, 23 juillet 2002

 
Au 19e siècle, l'implantation d'établissements scolaires dans un nouvelle région, telle que le Saguenay–Lac-Saint-Jean, est plutôt difficile. Les personnes responsables manquent de tout, comme ailleurs dans la province de Québec. Par contre, les Saguenayens doivent composer avec un élément considérable : l'isolement qui rend les communications complexes entre les paroisses. Cela n'empêche cependant pas le développement de l'éducation dans la région.
 
En ce qui concerne les cours dispensés, la région se plie aux exigences provinciales. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean fait partie de l'ensemble québécois dans le domaine de l'éducation et subit tous les changements à un rythme plus ou moins semblable. Les moyens de communications étant précaires de 1850 à environ 1895, les nouvelles règlementations prennent un certain temps avant de parvenir aux commissions scolaires. Cependant, le nombre d'écoles croît assez rapidement. En 1851, on compte six écoles : trois à Chicoutimi, deux à Grande-Baie et une à Laterrière. Enfin, de 1875 à 1890, la région passe de 54 à 111 écoles. Cela est inévitablement lié au développement et à l'ouverture de plusieurs municipalités sur le territoire saguenayen et jeannois.
 
De 1876 à 1966, le nombre d'étudiants inscrits dans les différentes écoles du Saguenay–Lac-Saint-Jean croît sans cesse. De plus, on remarque qu'il y a plus de filles qui fréquentent les écoles primaires comparativement aux garçons et ce jusqu'aux années 1950. A ce moment, le mouvement s'inverse. Quant à eux, les garçons sont plus présents dans les établissements scolaires autres que primaires tels que le Séminaire de Chicoutimi et les diverses écoles de métiers. D'un autre côté, les taux de présence varient beaucoup, et ce autant en ville qu'en campagne. En ville, les jeunes garçons vont travailler dans les usines, ce qui mène un jour ou l'autre au retrait définitif de l'enfant des salles de classe. En campagne, les travaux agricoles forcent, à certaines périodes, les jeunes hommes à s'absenter. 
 
Au courant du 19e siècle et ce jusqu'à la Crise des années 1930, peu d'élèves dépassent le stade de la 8e année. La majorité des étudiants (plus de 9 sur 10) possèdent un diplôme de la 1re à la 4e année. Entre 1931 et 1945, la grande partie des personnes se situe encore dans la tranche 1re-4e année, mais de plus en plus, les élèves se rendent de la 5e à la 8e année. Quelques-uns fréquentent l'école de la 9e à la 12e année, mais en nombre restreint. Après la Seconde Guerre mondiale et ce jusqu'aux années 1960, on constate une forte expansion de la persévérance scolaire, des jeunes atteignent de plus en plus la 9e et la 12e année. Quelques sujets se rendent à la 13e année, mais à cette époque, peu d'écoles dispensent ces cours supérieurs.
 
La plupart des écoles de village de la région sont prises en charge par des communautés religieuses, ce qui donne une certaine respectabilité aux établissements scolaires comparativement aux écoles de rang plus ou moins bien organisées. En effet, dans ces écoles, plusieurs professeurs n'ont pas leur brevet d'enseignement; en 1894, 51 des 145 institutrices de la région n'ont pas leur brevet. L'avantage monétaire est réel pour les commissions scolaires, car les salaires sont moins élevés pour ces jeunes dames. Les écoles publiques sont en plus grand nombre sur le territoire saguenayen, mais il reste que les écoles privées ont meilleure réputation. Comme elles possèdent plus de ressources financières, les installations sont plus adéquates et le matériel ne manque pas, contrairement aux écoles plus éloignées et moins argentées.
 
En conclusion, on peut affirmer que la région ne fait pas exception dans le domaine de l'éducation face aux autres régions de la province de Québec. Les écoles prennent rapidement forme et le nombre d'étudiants croît sans cesse. Il est certain que les hauts taux de natalité régionaux ont contribué à remplir les salles de classes et les écoles de rang. Cependant, il est certain que l'intérêt pour l'instruction est présent dans la région.
 
 
Bibliographie :

Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
Ouellet, Jacques. L'instruction publique au Saguenay à travers les rapports du surintendant de l'Instruction publique (1876-1891): une étude exploratoire, Mémoire de maîtrise (études régionales), UQAC, 1985. 284 p. 
 
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