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Colonisation des terres agricoles d’Hébertville
Thème : Société et institutions

Colonisation des terres agricoles d’Hébertville au 19e siècle

Laurie Goulet et Camil Girard, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 30 octobre 2003

 
Au 19e siècle, les sociétés de colonisation ont pour but de promouvoir le peuplement de territoires nouvellement ouverts à la colonisation. L’Association des comtés de l’Islet et de Kamouraska en est un exemple. Cette société se consacre au peuplement du Lac-Saint-Jean en facilitant l’établissement de colons et de leur famille dans les environs d’Hébertville. Comme d’autres, cette société de colonisation cherche à détourner les Canadiens français du projet d’émigrer vers les États-Unis, un phénomène qui suscite des inquiétudes chez les élites de l'époque.
 
L’Association des comtés de l’Islet et de Kamouraska est fondée en 1849 à Sainte-Anne de la Pocatière. Avec le curé Nicolas-Tolentin Hébert à sa tête, cette société de colonisation souhaite établir le plus rapidement possible des colons sur des terres fertiles situées à proximité du lac Saint-Jean. Les sociétaires acquièrent donc des actions au prix d’environ 12 livres sterling l’unité, ce qui donne droit à un lot de cent acres. Afin d’éviter que la société ne tombe sous l’emprise de quelques sociétaires, aucun d’entre eux ne peut acheter plus de trois actions. 
 
Il y a deux catégories de membres dans l'Association : les actionnaires-colons qui partent coloniser la région et les actionnaires-protecteurs-du-colon qui apportent exclusivement une aide financière au projet de peuplement. Ces derniers investissent dans la société afin d'en élargir le capital des paysans. 
 
Le 14 février 1849, donc peu de temps après sa fondation, le gouvernement octroie à la société de colonisation de l’Islet et de Kamouraska le canton Labarre ainsi qu’un second canton qui sera précisé ultérieurement. La société doit cependant assumer les frais d’arpentage de ces terres. Du 2 au 9 juin 1849, une première exploration du terrain est faite et entre juillet et décembre, des travaux d’arpentage sont effectués. La même année, 44 hommes défrichent près de 200 arpents de forêt. 

À la fin de l’année 1851, un premier groupe de colons s'installe de façon permanente sur le territoire jeannois. Deux ans plus tard, près de cent vingt personnes sont établies dans le canton Labarre. Les colons disposent d’un moulin à farine et d’une scierie pour répondre à leurs besoins les plus essentiels. Mais ces colons sont bien isolés. Aucun chemin ne relie Hébertville à Chicoutimi et à Laterrière, ce qui rend la colonisation du canton Labarre encore plus ardue. 
 
En 1856, lors de la dissolution de la société de colonisation, 337 lots de terres sont défrichés dans les alentours d’Hébertville. Toutefois, seulement une centaine d’entre eux sont véritablement cultivés. Trois ans plus tard, nombre de lots reste encore sans acquéreur. Face à cette situation, le gouvernement intervient et cherche à établir des colons sur les lots inoccupés. En 1869, il reste moins de cent lots disponibles. 
 
En fait, de 1848 à 1856, soit pendant l’existence de la société de colonisation, seulement 150 colons s’établissent à Hébertville. Par la suite, les colons viennent surtout par leur propre moyen. Peu à peu, Hébertville consolide sa position en tant que centre régional de transit et de services vers le lac Saint-Jean. Cependant, avec le temps, Hébertville perd de son influence. Dans les décennies qui ont suivi sa fondation, les limites territoriales de cette municipalité ont d’ailleurs bien changé. La localité, dont l’étendue correspondait à l’origine aux cantons Kénogami, Mésy, Labarre, Plessis, Signay et Caron, a été subdivisée à plusieurs reprises pour donner naissance à d’autres municipalités, là où des noyaux de population le justifiaient. 
 
L’occupation des terres à Hébertville s’effectue sur le modèle du village qui se développe dans le cadre d’une économie agro-forestière. Les colons pratiquent à la fois l’agriculture et le travail forestier. Le défrichement des terres permet la vente du bois aux compagnies forestières, ce qui donne ainsi un revenu supplémentaire à la famille, en attendant que la terre puisse un jour la faire vivre convenablement.
 
 
Bibliographie :

Séguin, Normand. La conquête du sol au 19e siècle, Québec, Éditions du Boréal Express, 1977. 295 p. 
Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
 
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