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La Chaîne Coopérative du Saguenay
Thème : Économie

La Chaîne Coopérative du Saguenay ouvre ses portes à Saint-Bruno en 1949

Camil Girard et Laurie Goulet, Groupe de recherche Histoire (GRH), Université du Québec à Chicoutimi. 2003

 
Au milieu du 20e siècle, pratiquement chaque localité possède sa propre institution coopérative agricole. Les agriculteurs constatent toutefois qu'il manque une organisation centrale afin de gérer l'ensemble du mouvement coopératif. Quelques essais infructueux surviennent, mais le projet des Abattoirs du Saguenay se démarque des autres ; il réussit à demeurer actif. Cette coopérative fusionne, avant le démarrage de ses activités, avec la Coopérative Régionale du Lac-Saint-Jean et devient ainsi la Chaîne Coopérative du Saguenay, Association coopérative en 1949. Voyons de plus près l'histoire de cette entreprise régionale qui a su se distinguer par ses nombreuses initiatives dans le domaine agricole.
 
Dès les années 1930-1940, des plaintes sont formulées par les agriculteurs de la région qui dénoncent que leurs animaux doivent être transportés à Montréal afin de se rendre à l'abattoir. Cette situation favorise la création d'un abattoir régional. C'est ainsi, qu'installée à Saint-Bruno près d'Alma, au Lac-Saint-Jean, la Chaîne coopérative du Saguenay (CCS) procède au premier abattage d'animaux le 24 décembre 1950. Afin de parvenir à atteindre tous les producteurs de bétail du Saguenay–Lac-Saint-Jean, la CCS met en place un service de transport pour animaux payé par tous les sociétaires. Ainsi, aucun producteur ne se voit désavantagé par son éloignement. L'entreprise a un bon rendement; l'exercice financier de 1954-1955 annonce déjà des surplus. Dès les premières années, la CCS comprend l'importance de diversifier ses champs d'action. Elle construit donc, en 1956, un abattoir pour volailles et crée, un an plus tard un centre d'insémination artificielle. Comme le collège de Saint-Hyacinthe ne dessert pas la région, la coopérative prend en charge ce domaine spécialisé jusqu'à ce que cet établissement prenne le relai.
 
En 1958, la CCS devient distributeur de machineries et d'équipements agricoles, en installant plusieurs points de vente dans la région. Afin de répondre aux besoins d'essence reliés à la mécanisation des fermes, la CCS acquiert des services pétroliers avec qui elle s’associe. De cette manière, même les citadins peuvent profiter des prix plus compétitifs. Par la suite, elle tente des percées, sans grand succès toutefois, dans deux domaines particuliers : les bleuets et les pommes de terre. En 1965, un poste de mirage et de classification des œufs voit le jour, mais ferme ses portes quelques années plus tard compte tenu d'une baisse de production. La même année, la CCS contribue au regroupement de trois meuneries sur le territoire régional. Elle peut ainsi offrir de la moulée en vrac ou en sac, ce qui ne se faisait pas auparavant.
 
Des changements internes prennent forme dans les années 1970. On acquiert un système informatique afin de mieux gérer les transactions. Également, plusieurs fusions sont réalisées : avec le chantier d'Argenson dans le domaine forestier (1973) ainsi qu'avec les laiteries de Kénogami (1970), Alma et Chicoutimi (1976) et la Laiterie Lamontagne de Jonquière (1980). La CCS devient ainsi le principal distributeur de lait et de crème glacée au Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ). En 1980, une entente prend forme entre la CCS et l'Association coopérative laitière du SLSJ. Cette dernière prend en charge la production de lait de transformation alors que la CCS s'occupe du lait de consommation. Comme la région possède un marché plus ou moins limité, il est important de subdiviser certains domaines afin que plusieurs entreprises puissent survivre.
 
Les années 1980 apportent une conjoncture économique défavorable au secteur coopératif dont la Chaîne coopérative du Saguenay est un joueur important en région. En effet, les domaines de la viande et de la forêt sont durement touchés. L'entreprise doit donc se départir de la division forestière en 1981 au profit de la Compagnie Donohue Saint-Félicien. De plus, en 1984, la division des viandes est fermée à la suite de plusieurs études de marché. Beaucoup d'efforts sont déployés dans les secteurs de la machinerie agricole, des moulées et des fertilisants. En 1987, la CCS acquiert les Sources Mésy d'Héberville, une entreprise qui embouteille une eau de source prisée par les consommateurs. 
 
De 1985 à 1989, plusieurs changements sont apportés au matériel technique des différents bâtiments de la CCS afin d'augmenter la rentabilité des productions. Le 24 octobre 1989, les pressions économiques incitent la coopérative à se fusionne avec Nutrinor, un autre acteur régional important qui œuvre au Lac-Saint-Jean. À l'aube des années 1990, la Chaîne coopérative du Saguenay opère dans quinze secteurs d'activités et 1150 sociétaires en font partie, majoritairement des agriculteurs. Tout au long de son histoire, la CCS a été associée à la coopération et à la qualité de ses produits. De la terre à la table, le monde agricole du la région a toujours su s’adapter aux changements tout en s’appuyant sur les principes de la coopération et du regroupement pour assurer la production.


Bibliographie : 

Girard, Camil et Normand Perron. Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989. 665 p.
Tremblay, Clovis. Un demi-siècle de souvenirs, Alma, Chaîne Coopérative du Saguenay, 1990. 124 p.
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