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Jean Serreau de Saint-Aubin
Thème : Société et institutions

Jean Serreau de Saint-Aubin: le premier résident sédentaire de Charlevoix

Serge Gauthier. Historien et ethnologue. Président de la Société d’histoire de Charlevoix. Notre-Dame-des-Monts, 25 septembre 2002


Premier résident sédentaire de Charlevoix, Jean Serreau de Saint-Aubin s’installe à Baie-Saint-Paul en 1670. Il cultive alors une vaste terre de dix arpents comprenant de nos jours le site de l’église paroissiale, du couvent des Sœurs Petites Franciscaines de Marie, du Centre hospitalier de Charlevoix et de la polyvalente qui porte d’ailleurs le nom de Saint-Aubin en l’honneur de ce pionnier un peu spécial.
 
En fait, la vie de Jean Serreau de Saint-Aubin recèle une histoire fort trouble. En effet, en juillet 1665, alors que Jean Serreau de Saint-Aubin habite l’île d’Orléans et que tout semble aller très bien pour lui, il en vient à découvrir que son épouse Marguerite Boileau a une liaison avec un voisin du nom de Jean Terme. Serreau de Saint-Aubin convoque alors l’amant de sa femme en duel et au moment où Jean Terme dégaine son épée il lui assène un coup de bâton fatal sur la tête. Jean Terme meurt et Jean Serreau de Saint-Aubin est mis en accusation pour meurtre.
 
Serreau de Saint-Aubin plaide la légitime défense. Il obtient sa grâce auprès du roi Louis XIV mais sa réputation demeure néanmoins entachée. Établi en 1667 dans la seigneurie d’Argentenay, Serreau de Saint-Aubin en est expulsé par Madame d’Ailleboust, seigneuresse du lieu qui a entrepris des démarches à cet effet auprès du Gouverneur de la Nouvelle-France. Jean Serreau de Saint-Aubin s’établit alors avec sa famille à Baie-Saint-Paul, un territoire jusqu’alors inhabité.
 
Mais les terres de Baie-Saint-Paul appartiennent à Mgr de Laval, seigneur de Beaupré et celui-ci apprend bientôt la mauvaise réputation de Serreau de Saint-Aubin et aussi son désir de s’établir à Baie-Saint-Paul. L’Évêque de Québec n’accepte pas que Jean Serreau de Saint-Aubin s’établisse sur ses terres et il tente bientôt de chasser ce personnage qui a pu s’installer à Baie-Saint-Paul grâce à un permis d’exploitation émis par l’intendant Jean Talon. Mgr de Laval considère que Jean Serreau Saint-Aubin est un squatter établi illégalement dans sa seigneurie. L’affaire se termine devant les tribunaux. En septembre 1676, Jean Serreau de Saint-Aubin accepte finalement de quitter sa terre de Baie-Saint-Paul contre le versement par Mgr de Laval et les Messieurs du Séminaire de Québec de la somme 1 100 livres à titre de dédommagement. Il s’établit par la suite en Acadie. Jean Serreau de Saint-Aubin meurt en 1705.
 
À son départ de Baie-Saint-Paul, Jean Serreau de Saint-Aubin laisse une maison, des bâtiments de ferme, plusieurs arpents mis en culture. Il a démontré sans l’ombre d’un doute la viabilité d’une exploitation agricole sur les terres de la Baie-Saint-Paul et en cela il est un pionnier important de la région de Charlevoix. Cependant, il faut attendre jusqu’en 1716, pour que le Séminaire de Québec octroie les terres cultivées par Saint-Aubin à un autre censitaire. Chat échaudé craint peut-être l’eau froide et les Messieurs du Séminaire de Québec se réserve longtemps le territoire et les grands pins de la Baie-Saint-Paul qui s’y trouvent à des fins d’exploitation forestière seulement!


Bibliographie :

Tremblay, Jean-Paul-Médéric. Messieurs du Séminaire. Baie-Saint-Paul, Cahiers d’histoire régionale, 1975, p. 99-135.
 
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