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Thème : Économie

La Coopérative agricole de la Côte Sud

Jacques Saint-Pierre, historien, 26 mai 2003


La Coopérative agricole de la Côte Sud est le fruit de la fusion, en 1966, de la coopérative de Saint-Pascal, fondée en 1939, et de la coopérative de Saint-Jean-Port-Joli, incorporée en 1942. La création de cette coopérative est l’un des résultats tangibles de la concertation régionale au début des années 1960. Jusqu’à ce qu’elle ne change son nom pour celui de « Groupe Dynaco, Coopérative agroalimentaire », en 1996, la coopérative agricole est l’une des rares institutions à s’identifier au toponyme « Côte-du-Sud ». 
 
Les coopératives paroissiales 
 
Comme ailleurs au Québec, les deux coopératives mères prennent la relève des beurreries à la fin des années 1930. Les cultivateurs de Saint-Pascal acquièrent la fabrique de Élisée Gagnon et ceux de Saint-Jean-Port-Joli celle d’Alfred Dubé. Peu après, les deux coopératives se dotent d’entrepôts pour recevoir les moulées et autres fournitures professionnelles pour la ferme. Par la suite, s’ajoute à chacun des endroits une meunerie pour la fabrication sur place des moulées dont les ingrédients sont achetés de la Coopérative Fédérée. Dans les années 1950, la gamme des services offerts aux membres s’étend à la machinerie agricole, aux produits pétroliers et à la quincaillerie. Les coopératives se chargent aussi de la vente des animaux vivants.
 
Malgré la popularité des beurreries coopératives paroissiales, une tendance au regroupement se dessine durant les années 1950, notamment sous l’influence de la Coopérative agricole de Granby qui fusionne plusieurs petites fabriques des Cantons-de-l’Est et du Centre-du-Québec. Les coopératives de la Côte-du-Sud n’échappent pas à ce mouvement et les coopératives plus importantes, comme celles de Saint-Jean-Port-Joli et de Saint-Pascal absorbent leurs voisines. L’acquisition, en 1960, de l’établissement de La Pocatière, qui est équipé pour produire de la caséine, par la coopérative agricole de Saint-Jean-Port-Joli constitue une étape décisive dans l’évolution de la coopération sur la Côte-du-Sud. La régionalisation devient une condition de survie.
 
La régionalisation 
 
Le processus de fusion des coopératives paroissiales est déjà en marche depuis plusieurs années lorsque le gouvernement du Québec adopte, en 1967, une loi pour favoriser l’aménagement et la modernisation d’usines laitières régionales. La concentration des entreprises vise à maintenir la rentabilité du secteur du lait de transformation. Le plan initial prévoit un partage du territoire de la Côte-du-Sud entre les Coopératives du Sud de Québec et du Bas-Saint-Laurent. Cependant, la volonté de préserver les emplois dans la région incite les coopérateurs des comtés de L’Islet et de Kamouraska à se regrouper au sein d’une nouvelle coopérative régionale.
 
La Société coopérative agricole de la Côte Sud naît de cette prise de conscience. La réunion des deux plus importantes coopératives des comtés de L’Islet et de Kamouraska permet d’acquérir la beurrerie des frères Bélanger à Saint-Alexandre. Désormais, les opérations de transformation du lait sont transférées à cette usine outillée pour fabriquer de la poudre de lait, dont la valeur sur le marché est supérieure à celle de la caséine. En 1970, la coopérative achète l’entreprise Pelletier de Saint-Roch-des-Aulnaies. Elle regroupe alors un millier de producteurs provenant d’un vaste territoire s’étendant de Cap-Saint-Ignace jusqu’à Cacouna. La capacité de production de l’usine de Saint-Alexandre est accrue en 1973 et elle est dotée en 1981 de l’outillage pou la fabrication de poudre de lait entier instantané, un procédé unique en Amérique du Nord. 
 
La diversification des activités
 
La Coopérative agricole Côte Sud maintient en activité les deux meuneries de Saint-Jean-Port-Joli et de Saint-Pascal durant quelques années. À la suite de l’incendie de cette dernière, en 1976, les administrateurs optent pour la construction à Saint-Philippe-de-Néri d’une nouvelle meunerie équipée pour la fabrication de moulée en cubes et d’un centre de séchage des grains. La mise en service de l’usine du complexe de Saint-Philippe-de-Néri amène la fermeture de la meunerie de Saint-Jean-Port-Joli.
 
C’est également en 1976 que la Coopérative ajoute à ses services un centre de mélange d’engrais minéraux sur prescriptions. Implanté par la Coopérative Fédérée, le centre devient la propriété de la Coopérative agricole de la Côte Sud en 1986. Deux ans plus tard, elle acquiert un autre centre à Saint-Pierre de Montmagny. La Coopérative offre, en même temps, à ses membres les services techniques de représentants spécialisés en productions végétales ou animales. 
 
La Coopérative agricole de la Côte Sud est aussi active dans le domaine de la production porcine qui permet de maintenir et d’accroître les ventes de moulée de la meunerie. Elle aide les éleveurs à s’établir par une aide financière directe ou indirecte et elle exploite elle-même quelques fermes porcines dans le comté de Kamouraska. En 1995, elle s’est aussi associée à deux fermes avicoles du Nouveau-Brunswick 
 
Du lait aux matériaux de construction
 
Le secteur laitier a connu quant à lui des transformations en profondeur depuis 1980. Après avoir tenté ans succès de lancer de nouveaux produits laitiers (friandises et suppléments alimentaires), la Coopérative de la Côte Sud achète, en 1988, la Crémerie Saint-Fidèle, une usine du comté de Charlevoix spécialisée dans la production de fromage suisse, cheddar et en grains. Deux ans plus tard, les administrateurs des cinq coopératives des régions périphériques du Québec décident de transférer leurs opérations laitières au Groupe Lactel, ce qui oblige la coopérative à recentrer son champ d’action.
 
La Coopérative de la Côte Sud est active depuis longtemps dans le secteur de la quincaillerie et des matériaux de construction, mais cette activité est devenue beaucoup plus importante depuis 1987. De nombreux commerces de la Côte-du-Sud, mais également du Bas-Saint-Laurent, sont acquis par la suite. Le réseau de centres de rénovation de Groupe Dynaco comprend aujourd’hui une douzaine d’établissements de Saint-Paul-de-Montmagny jusqu’à Matane.
 
Malgré l’extension de son rayonnement à plus de 185 municipalités, Groupe Dynaco continue de s’identifier très fortement à la Côte-du-Sud. La coopérative recrute la très grande majorité de ses 650 membres sur le territoire compris entre Montmagny et Rivière-du-Loup, où elle est l’un des principaux employeurs. Elle est la septième plus importante coopérative agricole au Québec.


Bibliographie :

Gingras, Marcel. « La Coopérative agricole de la Côte Sud et ses réalisations, 1972-1973 », Le Coopérateur agricole, octobre 1973, p. 20-23.
Langlois, Aurélien. Coopérative agricole de la Côte Sud : historique. [S.l.s.n.], 1977. 16 p.
Historique. Coopérative agricole de la Côte Sud : 25 ans. [S.l.s.n.], 1992. 11 p.
Groupe Dynaco, Coopérative agroalimentaire. Historique.
[En ligne] http://www.dynaco.ca/Gr_Dynaco/Profil/historic.htm (Page consultée le 26 mai 2003).
 
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